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18 juin 2015 4 18 /06 /juin /2015 09:17

Napoléon Bonaparte

Napoléon Bonaparte Empereur (15/08/1769 - 05/05/1821) Biographie Dates Proches Citations Plus d'infos Napoléon Bonaparte Né à Ajaccio (France) le 15/08/1769 ; Mort à Sainte-Hélène (Territoire britanique d'outre-mer) le 05/05/1821

Figure historique et ambiguë, Napoléon dérange et fascine. Premier Consul puis Empereur, génie militaire et bâtisseur, il a régné sur l'Europe en despote et a contribué à la modernisation des nations, la France en tête.

Ses premiers faits d’arme

Né à Ajaccio en Corse, Napoléon Bonaparte rejoint le continent pour suivre des études militaires. Après avoir fait les écoles militaires de Brienne et de Paris, il entre dans l’infanterie et est affecté en 1787 à Valence.

En 1789, la Révolution éclate. Bonaparte y prend part et se fait remarquer en 1793 lors du siège de Toulon contre les Anglais. Sa sympathie pour la cause des Jacobins lui vaut un court séjour en prison à la chute de Robespierre en juillet 1794.

A sa libération, il passe sous les ordres du commandant en chef de l'armée de l'intérieur Paul Barras. Il intervient pour réprimer une insurrection royaliste contre la Convention à Paris en 1795. Il a parmi les officiers sous ses ordres le jeune Joachim Murat. Ses connaissances de la stratégie militaire, son habileté et son courage sur les champs de bataille lui permettent de monter en grade. Il est nommé à la tête de l’armée d’Italie, qui est en piteux état. Malgré cela, il parvint à remporter avec elle plusieurs batailles contre les Autrichiens. L’Autriche abdique par la voix de son archiduc Charles qui signe le traité de Campo-formio le 18 octobre 1797.

En mars 1796, il épouse Joséphine de Beauharnais. En 1797, Napoléon réussit par une habile manœuvre politique à écarter quelques royalistes du pouvoir et ainsi protéger la république jacobine.

La conquête de l’Egypte

Inquiet devant la grande popularité du général Bonaparte, le Directoire cherche à l’éloigner de Paris. Il lui confie l’invasion de l’Egypte. Napoléon Bonaparte emmène avec lui une centaine de scientifiques qui ramèneront de cette campagne la pierre de Rosette. Juste avant la bataille des Pyramides, le 21 juillet 1798, Napoléon aura cette célèbre phrase : « Du haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent ». Malgré la victoire qu’il remporte ce jour-là, la campagne d’Egypte est un désastre. Ses troupes sont défaites par l’amiral Wilson à Aboukir. Peu après, le reste des forces françaises subit de lourdes pertes à cause d’une épidémie de peste.

Devant l’enlisement de ses troupes et ayant appris les difficultés du Directoire, Bonaparte nomme Kléber commandement en chef de l’armée d’Egypte et rentre en France.

Le coup d’Etat du 18 Brumaire et l’instauration du Consulat

Le Directoire affaibli, c’est pour l’ambitieux Napoléon l’occasion idéale pour agir. Les 18-19 Brumaire (novembre) 1799, il s’empare du pouvoir et se fait nommer Consul provisoire. Il fait ensuite adopter une nouvelle Constitution qui le place officiellement à la tête de la France, en tant que Premier Consul. En instaurant le Consulat, la Constitution de l'an VIII met un terme définitif à la Révolution.

Napoléon ne tarde pas à se mettre au travail, fait de nombreuses réformes dans l’administration, le système judiciaire, l’éducation et la finance. Il crée entre autres la Banque de France en 1801 et le Code civil en 1804.

A partir de 1800, le général Bonaparte s’attaque de nouveau aux Autrichiens en Italie. Il veut reprendre le terrain perdu par les armées françaises alors qu’il était en Egypte. La campagne tourne à son avantage et la paix de Lunéville signée le 9 février 1801. Le traité donne définitivement la rive gauche du Rhin à la France, et l'Autriche est évincée d'Italie. Au mois de mars 1802, ce sont les Britanniques qui signent la paix d’Amiens. Napoléon cherchait à instaurer la paix durable car les guerres qui duraient depuis près de dix ans essoufflaient économiquement les grandes puissances qui s’opposaient. La paix ne sera en fait qu’une trêve, car les Anglais lanceront un embargo contre les navires français dès mai 1803.

Le 24 décembre 1800, Napoléon échappe à un attentat rue Saint-Nicaise à Paris. L’attentat, qui fait une dizaine de morts, est attribué aux royalistes. Afin de mettre en garde tous ceux qui chercheraient à l’éliminer, Napoléon Bonaparte fait arrêter le 15 mars le duc d'Enghien. Condamné à mort par une commission spéciale, il est aussitôt fusillé.

L’Empire et la troisième coalition

L’attentat soulève la question de l’avenir du Consulat si le Premier Consul venait à disparaître. Ses partisans lui suggèrent la création d’une dynastie afin de protéger les institutions de la République et de perpétuer son pouvoir de façon héréditaire. Le 2 août 1802, Napoléon Bonaparte, au faîte de sa popularité, se fait élire consul à vie. Le Sénat ratifie la Constitution de l'an X qui consacre la toute puissance de Napoléon Bonaparte. Deux ans plus tard, le 18 mai 1804, Napoléon Bonaparte se fait proclamer empereur des français et prend le nom de Napoléon 1er. Il est sacré le 2 décembre par le pape Pie VII en la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Le pape Pie VII avait rencontré Napoléon en 1801. Les deux hommes avaient signé le Concordat. Ce texte faisait de la religion catholique la "religion de la grande majorité des citoyens français" (et non la religion d’Etat), abolissait la loi de 1795 séparant l'Église de l'État, et déclarait que les évêques seraient désormais nommés par le Premier consul, Napoléon Bonaparte. Il mettait aussi un terme aux querelles entre la France et le Vatican.

Napoléon était convaincu que la seule manière d’obtenir une paix durable était de mettre hors d’état de nuire les Anglais. Il échafaude un plan avec l'amiral Latouche Tréville pour envahir l’Angleterre. En août 1805, l'amiral de Villeneuve et sa flotte franco-espagnole se font surprendre par les Anglais au large de l’Espagne. Ils sont anéantis par les navires anglais à Trafalgar le 21 octobre 1805.

A l’est, l’Autriche se rapproche de la Russie. Elle est rejointe par la Suède et Naples, donnant ainsi naissance à une troisième coalition contre Napoléon. L’Empereur délaisse ses ambitions d’invasion de la Grande-Bretagne et part avec la Grande Armée pour l’Autriche. Il remporte une grande victoire contre l’Autriche et la Russie à la bataille d’Austerlitz le 2 décembre 1805. Suite à cet éclatant triomphe, le Tribunat soumet une proposition à l'Empereur pour que ce dernier se fasse désormais appeler "Le Grand". Napoléon 1er accepte et devient Napoléon le Grand. En 1806, Napoléon, après avoir vaincu les armées prussiennes, fait signer au tsar Alexandre Ier le traité de Tilsit, dans lequel les deux puissances se partagent l’Europe.

Les campagnes d’Espagne, d’Autriche et de Russie

Pour répondre à l’embargo contre la flotte marchande française décrété par les Anglais, Napoléon Bonaparte décrète à son tour en 1806 un blocus continental interdisant tout commerce avec l'Angleterre. Les côtes étant une région stratégique, il demande au Portugal d'appliquer ce blocus. Le Portugal, fidèle allié des Britanniques, refuse. Napoléon demande au roi d’Espagne un droit de passage sur son territoire afin de pouvoir envoyer ses troupes au Portugal. Napoléon profite ensuite d’un conflit entre le roi espagnol et son fils pour les éloigner du pouvoir. Il place alors son frère Joseph Bonaparte sur le trône. Les nationalistes, poussés par l'Eglise, se soulèvent contre l'imposition de ce roi. Les Britanniques viennent les aider à chasser les armées françaises en 1808. C’est la première grande défaite de l’Empire napoléonien.

Apprenant cette déroute, l’Autriche n’hésite pas à attaquer la Grande Armée présente en Allemagne. Le 5 et 6 juillet 1809, Napoléon remporte la bataille de Wagram. Il signe ensuite un armistice avec l’Autriche. L’Empire de Napoléon est à son apogée. Il s’étend sur 750 000 km².

Sur le plan personnel, l'empereur Napoléon Ier divorce de Joséphine, épousée 13 ans plus tôt, pour raison d'État (elle ne lui a pas donné de descendant). Le 2 avril 1810, il épouse Marie-Louise, 18 ans, fille de l'empereur d'Autriche François Ier et petite-nièce de la reine Marie-Antoinette . Napoléon Ier voit dans ce remariage une ardente nécessité : obtenir l'héritier que Joséphine, la première impératrice, ne lui a pas donné et unir sa dynastie naissante aux familles régnantes d'Europe.

En août 1811, le tsar Alexandre 1er, violant le traité de Tilsit, laisse les navires anglais entrer dans ses ports. Face à cette attitude, Napoléon considère la guerre inévitable et marche sur la Russie en 1812. Ses troupes, composées de Français, d'Italiens, d'Autrichiens et d'Allemands comptaient près de 700 000 hommes. Elles gagnent de nombreuses victoires et pénètrent dans Moscou le 14 septembre. Les Russes incendient la ville pour déloger leurs occupants. Le rude hiver met à mal les soldats et les empêche de poursuivre les armées du tsar. La Grande Armée, battant en retraite par des régions isolées, est victime du froid.

Cinq semaines après avoir quitté Moscou, les troupes napoléoniennes, harcelées par les cosaques du maréchal Koutouzov, se retrouvent face à un obstacle de taille : la rivière Bérézina. Le seul pont permettant de la traversée a été détruit par les Russes. La Grande Armée construit des ouvrages de fortune et 500 000 hommes réussissent à échapper à l'ennemi. Mais les troupes sont déjà décimées par le froid et la faim. 300 000 soldats sur 700 000 rentreront en France. La retraite se transforme en déroute. C’est de cet événement que provient l’expression "C'est la Bérésina !".

La Grande Armée presque totalement anéantie, les ennemis de Napoléon savent que l’Aigle est en position de faiblesse. Ils forment une sixième coalition. Après plusieurs batailles contre les armées russo-prussiennes tantôt favorables tantôt défavorables à l’Empereur, Napoléon Ier est vaincu à Leipzig le 19 octobre 1813 ("Bataille des nations"). Il se replie en France.

La France envahie, l’Empereur contraint à l’exil

La Grande-Bretagne, la Russie, la Prusse et l'Autriche s’allient en 1814. Leurs armées coalisées envahissent la France. Napoléon à la tête d’une jeune armée inexpérimentée remporte quelques victoires mais ne peut empêcher les coalisés d’entrer dans Paris le 31 mars. Napoléon est contraint d’abdiquer le 6 avril à Fontainebleau. Il tente de se suicider avec du poison mais survit. Il est envoyé en exil sur l'île d'Elbe avec quelques-uns de ses fidèles. Le roi Louis XVIII est installé par les Alliés sur le trône de France.

Les Cent-Jours

Inquiet du sort de sa femme et surtout de son fils laissés aux mains des Autrichiens et devant le refus du roi de lui payer sa rente, Napoléon s’échappe de l’île d’Elbe pour rejoindre la France en mars 1815. L’armée sensée l’arrêter se range sous le commandement de leur ancien souverain. Napoléon monte à Paris. Louis XVIII ayant déjà fui la capitale, il s’empare du pouvoir sans aucune violence. C’est le début de la période des "Cent-Jours" (20 mars - 22 juin 1815).

Les puissances européennes se constituent à nouveau en coalition. Leurs troupes, deux fois supérieure à l’armée napoléonienne, écrasent Napoléon à Waterloo le 18 juin 1815. Il doit abdiquer pour la seconde fois. Il est alors exilé sur l’île Sainte-Hélène (territoire britannique). C’est là qu’il rédigea ses mémoires, le Mémorial de Sainte-Hélène. Il y vécut six années avant de mourir le 5 mai 1821, peut-être empoisonné.

Les Invalides, sa dernière demeure

Dans son testament en 1821, Napoléon déclarait : "Je désire que mes cendres restent sur les bords de la Seine au milieu de ce peuple français que j'ai tant aimé". A sa mort, il fut enterré à Sainte-Hélène. C’est en 1840, sur la demande du roi Louis-Philippe, que le corps de Napoléon est rapatrié triomphalement et placé aux Invalides à Paris.

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18 juin 2015 4 18 /06 /juin /2015 08:48

Napoléon (1769 - 1821) Ombres et lumières d'un destin d'exception

Aucun homme n'a connu dans l'Histoire moderne une gloire comparable à celle de Napoléon 1er. L'historien Jean Tulard rappelle qu'il se publie à son sujet, depuis sa mort, dans le monde, en moyenne un livre par jour !

Le nouvel Alexandre

Le destin de Napoléon 1er, aussi foudroyant que celui d'Alexandre le Grand, s'est accompli en moins de vingt ans, de son départ pour l'armée d'Italie (1796) à celui pour Sainte-Hélène (1815).

De même qu'Alexandre a fondé un nouveau monde sur les dépouilles de la Grèce classique, Napoléon 1er, en vidant la France de sa force vitale, a déclenché des secousses telluriques qui ont donné naissance à notre monde.

Issu de la petite noblesse corse, le futur Empereur des Français a vingt ans quand débute la Révolution française. Il est alors lieutenant d'artillerie. L'entrée de la France dans la guerre, en 1792, lui permet de démontrer ses talents de chef et de stratège.

Premier Consul en 1799, le jeune Corse achève la Révolution avec des réformes qui imprègnent encore notre société et notre manière de vivre. Il promulgue le Code Civil, pacifie les relations entre l'État français et l'Église catholique et fonde la plupart des grandes institutions actuelles (préfets, Université, Banque de France, École polytechnique, Légion d'Honneur...).

Il lance aussi de grands travaux à Paris dont beaucoup ne seront achevés que sous le règne de Louis-Philippe 1er : la colonne de la Grande Armée (ou colonne Vendôme), le Temple de la Gloire (aujourd’hui église de la Madeleine), les arcs de triomphe du Carrousel et de l’Étoile, Bourse, le percement de la rue de Rivoli…

Devenu par son sacre Empereur des Français, Napoléon porte jusqu'à Moscou les idées de la Révolution et du siècle des «Lumières». Par ses conquêtes, il révèle les Nations à elles-mêmes pour le meilleur et pour le pire (Italie, Espagne, Pologne, Allemagne, Russie, Égypte).

Il renverse le vieil empire germanique et prépare l'unification de l'Allemagne du Nord. Il relève aussi le nom de l'Italie. Pour cette raison, «l'Italie aime et a toujours aimé Napoléon», assure l'historien Luigi Mascilli Migliorini.

L'Amérique latine profite de la guerre menée par les Français en Espagne et au Portugal pour s'émanciper. Quant à l'Angleterre, ennemie héréditaire de la France, elle bâtit sur la défaite de celle-ci sa puissance à venir. Et l'on ne saurait oublier que le monde arabe est sorti d'une léthargie de plusieurs siècles suite à la malheureuse expédition d'Égypte.

Grâce à son art de la mise en scène, Napoléon 1er a donné à ses triomphes et à ses échecs une dimension épique que l'on peut seulement comparer à l'épopée d'Alexandre le Grand.

Les ailes du destin

Ce destin prodigieux n'était pourtant en rien prévisible.

Napoléon 1er en habit de sacre (baron Gérard, château de Versailles)Doté d'un immense pouvoir d'entraînement sur les hommes et de qualités intellectuelles exceptionnelles (capacité d'analyse, mémoire...), Napoléon Bonaparte a aussi bénéficié d'une chance peu commune.

Il a eu le mérite de se laisser guider par les événements, dans une période de grands bouleversements, ainsi qu'il le confie lui-même pendant son exil de Sainte-Hélène : «J'avais beau tenir le gouvernail, quelque forte que fût la main, les lames subites et nombreuses l'étaient bien plus encore, et j'avais la sagesse d'y céder plutôt que de sombrer en voulant y résister obstinément. Je n'ai donc jamais été véritablement mon maître ; mais j'ai toujours été gouverné par les circonstances...».

Porté par son art de la guerre et son ambition conquérante, l'officier corse a su par ailleurs gagner le soutien de la bourgeoisie avec une politique intérieure conservatrice et toute entière au service des possédants, depuis le serment de ne pas remettre en cause les ventes de biens nationaux jusqu'à la relégation des femmes dans le rôle d'épouse et de mère en passant par la création du livret ouvrier.

La face sombre de l'Empereur

Napoléon 1er apparaît aussi comme un être critiquable à maints égards.

Son insensibilité à la douleur humaine, son ascétisme et son peu d'appétence pour les plaisirs de la vie, la bonne chère et les femmes, le rapprochent de Robespierre, qu'il servit d'ailleurs avec zèle dans sa jeunesse.

Son ambition, tout entière asservie à sa propre gloire, a eu un coût disproportionné aux résultats, qui lui a valu le surnom de «l'Ogre» (un million de morts en dix ans, rien que du côté français). Elle l'a entraîné dans des entreprises néfastes et sans nécessité, comme en particulier la reconquête du pouvoir après son premier exil sur l'île d'Elbe (les «Cent Jours»).

Bonaparte a aussi manifesté des préjugés racistes en avance sur son temps comme le montrent le rétablissement de l'esclavage en 1802 et plus encore le mauvais sort fait au général mulâtre Alexandre Dumas, le père de l'écrivain.

Ces critiques, formulées dès son époque par Chateaubriand lui-même, sont reprises aujourd'hui, avec beaucoup moins de talent, par des auteurs soucieux de déboulonner les idoles. Même si elles ont un fond de vérité, Napoléon n'en demeure pas moins un homme d'État exceptionnel, un personnage fascinant et une source d'inspiration inépuisable pour les historiens, les romanciers et les cinéastes.

La France des 130 départements

De 1809 à 1812, Napoléon 1er dirige de près ou de loin toute l'Europe à l'exception notable de l'Angleterre et de la Russie... Mais les résistances prennent de l'ampleur à mesure que s'accroît sa puissance : paysans espagnols, tyroliens et napolitains ; bourgeois des grands ports et des villes industrielles qu'irritent le «Blocus continental»...

L'Empereur des Français est amené à sévir et, pour imposer sa volonté, ne trouve souvent rien de mieux que d'annexer les territoires récalcitrants à l'Empire français. C'est ainsi que celui-ci en vient à compter 130 départements ! Une construction fragile et éphémère.

Bibliographie

Les ouvrages sur l'Empereur sont légion, les plus complets étant ceux de Jean Tulard. On peut lire en particulier Napoléon, les grands moments d'un destin (Fayard), qui décrit les nombreux moments où le destin de l'Empereur a failli basculer.

Pour qui recherche une biographie agréable à lire et solidement argumentée, celle de Jacques Bainville vaut le détour. Simplement intitulée Napoléon, elle est constamment rééditée en collection de poche.

Pour une approche critique de Napoléon 1er, on peut lire avec délectation la Vie de Napoléon (livres XIX à XXIV des Mémoires d'Outre-tombe), par Chateaubriand, également réédité en collection de poche.

À noter plus près de nous la biographie pleine de fraîcheur de l'historien italien Luigi Migliorini.

Fabienne Manière Publié ou mis à jour le : 2015-06-17 21Herodote.

Napoléon (1769 - 1821) Ombres et lumières d'un destin d'exception
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18 juin 2015 4 18 /06 /juin /2015 08:23

Le 18 juin 1940, à Londres, dans les studios de la BBC, le général Charles de Gaulle lance un Appel à ses compatriotes.

Cet Appel est rediffusé le lendemain et publié dans la presse encore libre du sud de la France, notamment «La Dépêche de Toulouse».

Immense détresse

De Gaulle à la radio de LondresIl survient dans un moment d'immense détresse nationale. Suite à une offensive des armées allemandes, les troupes franco-anglaises se débandent ou gagnent l'Angleterre. Huit millions de civils fuient sur les routes de l'exode Charles de Gaulle (49 ans), sous-secrétaire d'État à la Défense, a tenté de convaincre son gouvernement de résister jusqu'au bout.

De retour d'une visite à Londres auprès du Premier ministre Winston Churchill, il a appris le 16 juin que le maréchal Philippe Pétain (84 ans), partisan de l'armistice, était le nouveau chef du gouvernement.

Le 17 juin, il a repris l'avion pour Londres cependant que Pétain annonçait à la radio sa décision de cesser le combat.

De Gaulle entre en résistance De Gaulle place ses espoirs dans la mondialisation du conflit, plus lucide en cela que la plupart de ses contemporains, qui croient à une victoire inéluctable de l'Allemagne.

A Churchill, il fait part de son intention de lancer un appel à la résistance mais il n'a accès que le lendemain aux studios de la BBC.

C'est que le cabinet britannique reste hésitant. Il veut éviter une rupture avec le gouvernement de Pétain, dans la crainte que la flotte française ne soit livrée à l'ennemi.

L'Appel arrive trop tard pour enrayer la ferveur des Français envers celui qui ne sera bientôt plus appelé que «Le Maréchal».

Mais jour après jour, à la radio de Londres, de Gaulle va bâtir sa légitimité contre les «traîtres de Vichy».

Par son verbe, il lavera la honte de la défaite.

Le 18 juin 1940, à Londres, dans les studios de la BBC, le général Charles de Gaulle lance un Appel à ses compatriotes.
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18 juin 2015 4 18 /06 /juin /2015 08:09

Deux cents ans après la bataille de Waterloo, l'Europe commémore ce jeudi 18 juin le bicentenaire de la chute de Napoléon. Alors que de nombreuses personnalités font le déplacement, ni François Hollande, ni Manuel Valls ne seront présents.

18 juin 1815 Crépuscule à Waterloo

L'épopée napoléonienne s'achève le 18 juin 1815 à une vingtaine de kilomètres au sud de Bruxelles, entre les villages de Waterloo et Mont-Saint-Jean.

L'empereur Napoléon 1er (45 ans) est vaincu par une coalition anglo-prussienne conduite avec brio par le duc de Wellington, né Arthur Wellesley (45 ans), et le feld-maréchal prussien Gebhardt von Blücher (72 ans !).

Sa défaite va clore la période révolutionnaire et inaugurer en Europe près d'un siècle de prospérité et de paix relative, sous l'égide de monarchies conservatrices.

Fin des Cent Jours Onze

mois après son départ pour l'île d'Elbe, où il avait tenu le rôle d'un roi d'opérette, Napoléon 1er réintègre le 20 mars 1815 son palais des Tuileries.

Il réunit en toute hâte 128.000 vétérans, soit à peu près la moitié de toute l'armée française. Il attaque les Anglais et les Prussiens en Belgique, avant qu'ils ne soient rejoints par les Autrichiens et les Russes.

La bataille

L'Empereur pénètre en Belgique à la tête de ses troupes, le 15 juin, et traverse la Sambre à Charleroi en vue de se placer entre les deux armées ennemies.

– Contre les Prussiens du feld-maréchal Blücher, il envoie son aile droite commandée par Grouchy.

– Contre les Anglais duc de Wellington, il envoie son aile gauche commandée par le maréchal Ney. Lui-même se tient prêt à porter secours aux uns et aux autres.

Les Prussiens sont battus le 16 juin à Ligny, entre Charleroi et Namur. Ils se retirent en bon ordre. Napoléon ordonne à Grouchy de les poursuivre avec 33.000 hommes et d'empêcher leur jonction avec les Anglais.

Le lendemain, les Anglais se retirent vers le nord et se retranchent solidement sur le plateau du Mont-Saint-Jean, au sud du village de Waterloo.

Enfin arrive la rencontre fatale...

Le sol est détrempé par un violent orage survenu la veille et l'artillerie française se déplace mal. L'attaque doit être différée jusqu'à la fin de la matinée.

Les défenses anglaises se montrent d'une redoutable efficacité et les canons font des ravages dans les rangs français. Décontenancé, Napoléon se résout à reporter son attaque sur le centre.

Vers 16 heures, Ney emporte la Haie-Sainte, au centre du dispositif ennemi. Wellington fait mine de se retirer. Aussitôt, Ney charge les carrés anglais à la tête de sa cavalerie.

Las ! Les carrés résistent au choc. La cavalerie de Kellermann ne réussit pas mieux à les briser.

À la fin de la journée, Blücher et les restes de son armée débouchent de façon inattendue sur le flanc de l'armée française alors que celle-ci espérait Grouchy.

La débandade

C'est la débandade aux cris de « Trahison ! ». La Garde impériale, le corps d'élite de l'armée française, n'échappe pas au sort commun à l'exception de deux bataillons de grenadiers, dont celui du général Cambronne, qui se disposent en carré et font front.

Mais le général n'a cependant jamais prononcé le mot ni la formule que lui a prêtés la postérité (« La Garde meurt et ne se rend pas !... »).

Napoléon abandonne prestement le champ de bataille, laissant le commandement à son frère Jérôme, et retourne à Paris pour sauver ce qui peut l'être de son trône.

Épilogue

Le bilan des pertes au cours de la journée du 18 juin est évalué à 40.000 Français morts, blessés ou disparus, 15.000 Anglais et 7.000 Prussiens. Mais ce bilan demeure très incertain du fait de nombreuses désertions sur le champ de bataille.

Waterloo marque la fin de l'épopée napoléonienne. C'est aussi la dernière grande bataille « façon XVIIIe siècle ».

Un demi-siècle plus tard, en Crimée, en Italie et aux États-Unis, surviendront des batailles autrement plus meurtrières, dans la boue des tranchées et sous le feu de la mitraille, préfiguration des batailles du XXe siècle.

18 juin 1815 Crépuscule à Waterloo
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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 14:53

La juste place de l'éducatrice entre l'enfant et ses parents

Pendant la petite enfance, les relations d'attachement sont prédominantes, ce sont les relations les plus influentes dans la vie d'un enfant. Elles préparent le terrain aux aspects les plus importants de son développement, ceux qui vont constituer sa personnalité.

Les études démontrent que les jeunes enfants qui ont des parents sensibles, conciliants et soutenants débutent une trajectoire de développement psychosocial positive.

Mais qu'en est-il de l'éducatrice avec qui ils passent plus de huit heures par jour? Quelle est la juste place de celle-ci à travers le noyau familial de l'enfant qu'elle côtoie quotidiennement et auquel elle s'attache profondément?

Être éducatrice, c'est un travail avant tout. C'est un travail technique et professionnel dans lequel on doit accompagner autant les parents que les enfants.

Il est évident qu'éducatrices et parents possèdent des comportements semblables envers l'enfant, mais il faut clairement distinguer les rôles de chacun.

La Campagne nationale de perfectionnement sur le Programme éducatif, Brio, aborde ce thème de distinction des rôles. Il s'agit en fait de la différence entre le maternage et l'éducation.

Échelle de distinction des rôles proposée par Lilian G. Katz[1]

Maternage (fonction parentale)

Éducation (fonction d'accueil)

Portée des fonctions

« La responsabilité des parents à l'égard de leur enfant est entière, imprécise, continue et illimitée. » « Il n'y a rien se rapportant au jeune enfant qui ne soit l'affaire des parents. »

«La responsabilité des professionnelles à l'endroit des enfants est une responsabilité spécifique.Le lien est limité dans le temps, déterminé par une mission et un mandat, médiatisé par une compétence et légitimé par une institution et par un salaire. »

« Plus l'enfant est jeune, plus il y aura des fonctions à assumer pour l'éducatrice ou la RSG et de risques de confusion avec le rôle parental. »

Portée des responsabilités

« La responsabilité des parents à l'égard de l'enfant et de son bienêtre est individuelle. »

« La responsabilité des professionnelles à l'endroit des enfants est collective et concerne le groupe dans son ensemble en même temps que chacun des individus qui le composent. »

Partialité

« Les parents ont un parti pris fondamentalement positif et le lien qui les unit à l'enfant est caractérisé par l'attention inconditionnelle et l'optimisme. »

« Les parents penchent en faveur de leurs enfants, se font défenseurs de leurs besoins et exagèrent leurs qualités et leurs dons. »

« Les professionnelles doivent considérer tous les enfants avec impartialité et agir avec universalisme. Toute habileté, connaissance ou technique qu'elles possèdent doivent être mises à la disposition de chaque enfant, selon ses besoins, que cet enfant leur plaise beaucoup ou moins. »

Cette distinction des rôles est simple à constater sur ce tableau, mais n'est pas nécessairement évidente à appliquer pour les éducatrices et les RSG, surtout lorsqu'il y a divergence quant aux valeurs familiales.

Une vraie professionnelle a le devoir de mettre en place un partenariat avec les parents dans le cadre de l'éducation de l'enfant. Elle doit pouvoir expliquer clairement ses valeurs éducatives et ses méthodes d'intervention.

Elle peut également jouer un rôle actif dans le soutien à l'exercice des habiletés parentales. C'est en étant confiante envers son travail qu'elle se fera respecter des parents. Il ne faut pas hésiter à demander l'aide de la conseillère pédagogique afin d'être guidée pour établir une relation avec certains parents plus difficiles d'approche.

L'important est d'instaurer une relation. Si les parents acceptent l'éducatrice en tant que professionnelle, le travail effectué avec l'enfant sera positif. C'est ce qu'on peut appeler une relation complémentaire; le service de garde et la famille se complètent l'un et l'autre pour une meilleure qualité d'accueil de l'enfant, de là le fameux « triangle de la relation éducative ».

En conclusion, pour une bonne relation éducative, il faut être, avec les parents, cohérents vis-à-vis de l'enfant, c'est-à-dire qu'il faut que la dyade éducatrice-parents décide ensemble d'une conduite à tenir afin que chacun puisse répondre aux besoins et aux demandes de l'enfant.

Il s'agit de prouver aux parents que nous ne sommes pas là pour les juger ni pour les remplacer, mais bien pour leur démontrer la nécessité d'une collaboration dans l'intérêt de l'enfant.

Questions à se poser en tant que professionnelle :

•Suis-je à l'aise avec cette partie de mon rôle?

•Comment puis-je qualifier ma relation avec les parents?

•Cette relation est-elle empreinte de respect et d'ouverture de part et d'autre?

•Mes attentes envers les parents sont-elles réalistes?

•Est-ce que je respecte le parent dans ma relation avec son enfant?

•Qui peut m'aider lorsque cette collaboration n'est pas présente, qu'elle laisse à désirer?

Plusieurs donnés contenu dans ce texte sont diffusés dans le cadre d'une formation offerte par un regroupement membre de l'AQCPE. Pour en savoir plus long sur la formation BRIO, les personnes intéressées peuvent s'adresser au regroupement de leur région.

1. Pour lire l'article complet « Distinction entre maternage et éducation » de Lilian G. Katz : http://id.erudit.org/iderudit/900415ar

2. Pour consulter le programme éducatif Accueillir la petite enfance, mise à jour 2007 : http://www.mfa.gouv.qc.ca/fr/publication/Documents/programme_educatif.pdf

Plusieurs données contenues dans ce texte sont diffusées dans le cadre d’une formation offerte par un regroupement membre de l’AQCPE. Pour en savoir plus sur la formation BRIO, les personnes intéressées peuvent s’adresser au regroupement de leur région.Pour voir la liste des regroupements. Julie Lefrançois

[1] Tableau colligé par l'AQCPE et tiré du Guide de la participante, formation Brio phase II- La relation d'attachement P.18.

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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 14:37

Avec F. de Saussure (1857-1913), la langue apparaît désormais comme une structure avec sa cohérence interne.

En linguistique, il y a un avant et un après Ferdinand de Saussure. Au XIXe siècle, cette science est dominée par une approche historique et comparative. Etudier une langue, c'est rechercher son origine, son histoire, son évolution en la comparant avec d'autres langues pour en trouver les racines communes. C'est ainsi que les linguistes du XIXe siècle ont reconstruit la généalogie des langues indo-européennes. Après F. de Saussure (1857-1913), la langue prend un autre visage, apparaissant désormais comme une structure avec sa cohérence interne.

Cette nouvelle vision du langage a commencé à prendre corps à Liepzig, à la fin des années 1870. C'est là que règne le courant des néogrammairiens, en train d'introduire la notion de « lois » du langage. C'est auprès d'eux que F. de Saussure vient étudier la linguistique. A 22 ans, il publie un mémoire sur le système des voyelles dans les langues indo-européennes. Son approche est radicalement nouvelle. Les voyelles d'une langue entretiennent entre elles des relations fonctionnelles ; elles forment un système et leur usage s'explique par les liens qui les unissent.

Ce mémoire contient déjà les principales intuitions saussuriennes. Sa thèse en poche, il est nommé professeur de linguistique à Paris. Il y restera de 1881 à 1891. Très influencé par les idées du sociologue Emile Durkheim, qui est en train de concevoir sa théorie de la société comme un « tout » qui dépasse les individus, de Saussure pense qu'il en va de même pour la langue : « C'est un système organisé et doué d'une fonction sociale. » Il élabore alors les grands axes de sa linguistique générale.

Il est deux façons d'étudier la langue. En reconstituant son histoire, c'est l'approche diachronique. Mais on doit surtout la comprendre à partir de son organisation interne à un moment donné, c'est l'approche synchronique. Cette théorie structurale (qualifiée par la suite de structuraliste, bien que F. de Saussure parle de système plutôt que de structure) conçoit la langue comme un système d'éléments interdépendants. Les signes de la langue prennent sens les uns par rapport aux autres selon des règles d'opposition et de distinction. Tout signe est composé de deux facettes : le signifiant et le signifié. Le signifiant correspond à « l'image acoustique », c'est-à-dire au son produit pour énoncer un mot. Le signifié renvoie au concept, au contenu sémantique attribué au signe. Les relations entre signifiant et signifié sont purement arbitraires.

En 1891, F. de Saussure revient à Genève, où il enseigne le sanskrit, la grammaire comparée et la linguistique générale. Lorsqu'il meurt en 1913, il n'a rien publié de sa théorie linguistique. Trois ans plus tard, deux de ses disciples vont éditer son Cours de linguistique générale à partir de notes manuscrites d'élèves. Toute la linguistique du xxe siècle en sera l'héritière.

Ferdinand de Saussure, né à Genève le 26 novembre 1857 et mort à Vufflens-le-Château le 22 février 1913, est un linguiste suisse.

Reconnu comme le fondateur du structuralisme en linguistique, il s'est aussi distingué par ses travaux sur les langues indo-européennes

Ferdinand de Saussure réinvente la linguistique
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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 14:27

Claparède Edouard (1873-1940) S’intéressant très tôt à la biologie et à la zoologie, Claparède entreprend des études de médecine couronnées par un doctorat en 1897. Parallèlement il s’oriente vers la psychologie et devient en 1904 directeur du laboratoire de psychologie à la faculté des sciences de l’université de Genève. Il y occupera la chaire de psychologie jusqu’à sa mort. Il crée en 1912 l’école des sciences de l’éducation (Institut J.-J. Rousseau). Ses intérêts ont été très divers au cours de sa carrière. Il aborde des questions de perception, de psychologie animale, de psychologie juridique (il étudie en détail les mécanismes du témoignage), de psychologie de l’enfant, de pédagogie, etc. Ses idées sont marquées par le concept de fonction adaptative issu de ses préoccupations biologiques qu’il applique à la vie mentale. S’opposant aux théories associationnistes, Claparède montre que l’intelligence est une fonction active d’adaptation aux situations nouvelles. Face à une situation inconnue le sujet procède à des tâtonnements qui l’orientent dans la recherche d’hypothèses à vérifier. *

Claparède est l’un des deux ou trois psychologues qui ont profondément nourri la psychologie de Piaget, notamment par sa psychologie de l’enfant et par sa psychologie de l’intelligence. Il y a certes chez les deux auteurs une approche plus complémentaire qu’identique par rapport au développement ou au fonctionnement de l’intelligence, dans la mesure où Claparède insiste bien davantage sur la dimension fonctionnelle de l’intelligence que sur son organisation ou sa structure. Pourtant, en étudiant des processus comme la prise de conscience ou la résolution de problème, Claparède a abouti à des résultats que Piaget n’aura aucune peine à intégrer dans sa psychologie; ces processus sont en effet des composantes des mécanismes de construction cognitive.

Mais c’est peut-être surtout comme fondateur et comme directeur de l’Institut Jean-Jacques Rousseau que Claparède a pu jouer un rôle de tout premier plan par rapport aux activités de Piaget en psychologie. Non seulement il lui a offert dès 1921 une charge de chef de travaux à l’Institut qui lui a permis de pouvoir très rapidement réaliser de nombreuses recherches sur la genèse des notions scientifiques, mais de plus la notoriété de Claparède, ainsi que les très nombreux échanges qu’il avait avec les psychologues du monde entier, ont facilité une reconnaissance quasi immédiate de son jeune collègue, alors très vite considéré comme un leader en psychologie génétique de l’intelligence.

Les principaux ouvrages de Claparède sont "L’association des idées" (1903), "Psychologie de l’enfant et pédagogie expérimentale" (1909), "L’éducation fonctionnelle" (1931) et un mémoire portant sur "La genèse de l’hypothèse" (1933).

Claparède Edouard (1873-1940)
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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 11:50

Ovide Decroly Pédagogue, psychologue et professeur de psychologie de l’enfant, Ovide Decroly est un médecin-éducateur à l’origine d’une méthode nouvelle d’enseignement. Les idées maîtresses de sa pédagogie reposent sur les centres d’intérêt de l’enfant, l’observation et la globalisation.

A l’heure actuelle, ses principes profitent encore à de nombreux élèves.

A la recherche d’une vocation

Jean-Ovide Decroly naît le 23 juillet 1871 à Renaix dans un milieu bourgeois. Ses parents sont obsédés par sa réussite scolaire et lui imposent une formation gréco-latine en internat. Enfant turbulent, le jeune Ovide se passionne davantage pour le dessin, la danse, la musique et, surtout, pour les sciences naturelles. Rien d’étonnant donc à ce qu’il s’oriente vers des études de médecine qu’il effectuera à l’Université de Gand.

Etudiant brillant, Decroly s’intéresse à l’anatomie pathologique avant de découvrir la médecine mentale. Lauréat du Concours universitaire et de la Fondation des bourses de voyage, il passe une année à l’Université de Berlin et à la Salpétrière à Paris où il rencontre des aliénistes d’avant-garde. C’est le déclic ! Decroly bifurque vers la neuropsychiatrie, puis vers la psychologie.

En 1898, il revient en Belgique et s’installe à Bruxelles où il poursuit des recherches sur les maladies mentales et sur l’anatomie pathologique du cerveau. Devenu assistant du service de neurologie de la Polyclinique de Bruxelles, le jeune médecin reçoit la charge du département des « enfants anormaux et troublés de la parole ».

De la théorie à la pratique

En cette fin de 19e siècle, la population des villes vit dans une grande misère et le bien-être des enfants n’est pas un souci prioritaire. S’agissant d’enfants déficients, l’abandon humain est encore plus cruel puisqu’ils sont automatiquement condamnés à l’échec et à la marginalisation. Pour Decroly, ces petits patients défavorisés doivent être pris en charge d’une manière plus appropriée que celle pratiquée, à l’époque, par l’école populaire qu’il ne tarde pas à fustiger

"J’affirme que l’école populaire a une influence nuisible, une action antisociale incontestable ; non seulement elle ne nous prépare pas à la vie, mais elle fait de beaucoup de nous des épaves de la vie, des déclassés, ou du moins elle ne fait rien pour nous éviter de le devenir – ce qui est tout comme. Pourtant, l’école pourrait être le moyen le plus puissant peut-être d’assurer la prophylaxie de la paresse, de la misère et du crime […], non pas comme elle est organisée actuellement, puisqu’elle-même est, en grande partie, cause directe ou indirecte de ces maux, mais comme elle devrait être organisée, comme elle l’est déjà dans certains endroits heureux où l’on a compris ce qu’elle fait de mal et ce qu’elle peut faire de bien".

Une décision de la Société de Pédiatrie va orienter toute la vie de Decroly. Elle lui propose d’être le médecin chef d’une petite clinique qu’elle envisage de créer pour l’observation et le traitement d’enfants dits « anormaux ». Decroly accepte à condition de pouvoir accueillir ces enfants dans sa propre maison où ils seraient élevés avec ses propres enfants. C’est ainsi que s’ouvre, en 1901 « l’Institut d’Enseignement Spécial – Laboratoire psychologique du Dr Decroly ». Le laboratoire se transforme immédiatement en école-laboratoire où les petits « irréguliers » vivent une vie normale dans un milieu naturel. Ils trouvent à l’Institut les soins réclamés par leur état, mais aussi et surtout, ils y reçoivent une éducation la plus large possible, ce qui permet à Decroly d’affirmer que leur éducabilité est de nature identique à celle des enfants normaux, au rythme et aux limites près.

Cette thèse, le Dr Decroly va la démontrer avec succès. En 1907, à l’instigation d’amis et de parents attentifs à ses travaux, il ouvre une seconde école destinée aux enfants « normaux » : l’école de l’Ermitage. Aux 7 enfants inscrits à la création de l’école viennent rapidement s’ajouter d’autres enfants, nécessitant progressivement leur répartition en 6 groupes couvrant tous les degrés de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire.

En tant qu’écoles expérimentales, l’Institut et l’Ermitage bénéficient des mêmes techniques ; les moyens de changer la méthode éducative y sont systématiquement mis à l’épreuve avec comme objectif d’arriver à changer l’ensemble du système scolaire.

La « Méthode Decroly »

Decroly observe que l’activité mentale de l’enfant n’est pas spontanément analytique, mais qu’au contraire son appréhension de l’univers est marquée par la perception globale et confuse de plusieurs éléments (syncrétisme). Par ailleurs, le pédagogue défend également l’importance des « intérêts » dans la vie mentale de l’enfant ; ceux-ci sont essentiellement liés aux besoins fondamentaux que sont :

##Se nourrir

##Se reposer

##Se protéger du froid

##Se défendre

##Produire

Il importe donc que tout enseignement doit d’abord susciter un intérêt pour ce qu’il apporte. Dans chaque cas, il faudra partir de l’observation, provoquer les associations d’idées afin de découvrir quels intérêts les observations peuvent éveiller chez l’enfant pour, en fin de compte, lui permettre de s’exprimer et de montrer ainsi qu’il a assimilé ce qu’on lui a proposé.

La pédagogie decrolyenne repose sur quatre fondements :

##Les centres d’intérêts de l’enfant comme guide de l’éducation

##La globalisation

##La classe-laboratoire

##L’importance de l’environnement naturel qui met l’enfant en situation de découverte

Les centres d’intérêt de l’enfant Exciter la curiosité de l'enfant Exciter la curiosité de l'enfant

Pour stimuler l’intelligence d’un enfant, il faut s’adresser à son affectivité et exciter sa curiosité. L’intérêt est donc au centre de l’apprentissage parce que les centres d’intérêt créent des liens entre toutes les matières abordées par un mouvement de divergence et de convergence. Par le biais des centres d’intérêt, on respecte dès lors les motivations de l’élève et on lui offre la possibilité d’intégrer ses connaissances dans des ensembles ordonnés. Les savoirs sont ainsi acquis, développés et intégrés.

La globalisation

Le jeune enfant apprend et accumule les expériences sans ordre : il saisit d’abord globalement les choses et les êtres dans leurs relations entre eux et par rapport à lui-même. Il perçoit le monde comme une globalité vivante et c’est cette démarche qu’il convient d’adopter à l’école : partir d’un composé concret, réel et signifiant pour passer, plus tard au particulier et aux détails abstraits.

C’est de cette prescription que procède encore aujourd’hui la méthode devenue célèbre concernant l’apprentissage de la lecture et de l’écriture : la « méthode globale ».

La classe laboratoire

Chez Decroly, la classe devient un atelier où l’enfant agit et vit. Elle est partout : à la cuisine, au jardin, à l’usine, au musée, etc. La pédagogie decrolyenne est de ce fait une pédagogie de l’éclatement des lieux d’apprentissage ; on y pratique le travail libre qui permet la véritable expérimentation et l’exercice du droit à l’erreur. Elle s’appuie sur le jeu et la joie car l’enfant élabore ses connaissances au lieu de recevoir une succession de notions obligatoires.

L’enfant apprend s’il apprend à agir !

L’environnement naturel

Enseigner en pleine nature

L’ouverture sur la nature est un élément fondamental de la pédagogie de Decroly. C’est, en effet, à la campagne que l’on trouve le matériel capable d’éveiller et de stimuler les potentialités de l’enfant. Il y découvre une mine inépuisable de sujets susceptibles de le faire réfléchir, parler ou écrire.

La nature met l’enfant en situation de découverte et lui permet de prendre conscience de son identité. Une école pour la vie, par la vie

Chez Decroly, il n’est pas question de matière à terminer, d’horaire, d’échéances, de manuels scolaires ou de programme classique. L’organisation scolaire est fondée sur les projets et les plans de travail. Les élèves choisissent librement les sujets d’étude :

##Chacun propose les sujets qu’il désire traiter

##Les propositions sont négociées par le groupe entier

##Un plan de travail collectif est élaboré à plus ou moins long terme :

##Quelques jours chez les plus jeunes

##Une année chez les plus grands

N’importe quel thème présente des aspects scientifiques, économiques, géographiques, historiques, littéraires, juridiques qui requièrent l’introduction de techniques et de notions empruntées aux diverses branches, sans que leurs liens soient jamais perdus de vue. Mais la liberté de choix stimule le travail scolaire ; même difficiles, les apprentissages et les exercices tirent leur sens de leur utilisation immédiate. En traitant sans hâte et complètement tous les aspects d’un sujet, l’enfant se constitue une « boîte à outils » où il puisera de quoi traiter des questions nouvelles. Il a d’autant plus confiance en ses propres capacités d’invention, de découverte, de travail personnel qu’il n’a trouvé en face de lui aucun adulte gratifié de science infuse. L’école est plus acquise à la recherche qu’à la transmission.

Le corps enseignant

Mais, vous interrogez-vous, dans ces conditions, quel doit donc être le profil d’un maître decrolyen ? Decroly le définit de la manière suivante :

« Peu de mots, beaucoup de faits. Il montre, fait observer sur le vif, analyser, manipuler, expérimenter, confectionner, collectionner »

Si, en 1901, Decroly et son épouse Agnès étaient à mêmes de prendre en charge l’éducation des premiers enfants déficients de l’Institut, force leur était de constater qu’il fallait élargir l’équipe enseignante, surtout après la création de l’Ermitage. Le Dr Decroly se chargera de former adéquatement chacun des nouveaux maîtres.

Une figure marquante du corps professoral est sans conteste celle d’Amélie Hamaïde. Détentrice d’un diplôme d’aptitude à l’enseignement spécial pour les enfants anormaux et arriérés, elle s’intéressera particulièrement aux enfants en difficulté et saura épauler efficacement le Dr Decroly pour l’orientation des adolescents de 14 ans.

En 1920, Amélie Hamaïde se met à la disposition de la Ville de Bruxelles pour propager la pédagogie active et former des enseignants à la pédagogie decrolyenne. En 1922, elle publie un livre sur la méthode Decroly qui sera traduit en 13 langues. En 1924, le Dr Decroly lui demande de prendre la direction de son école.

L’héritage de Decroly

Malade depuis 1930 et précocement terrassé par la fatigue, Ovide Decroly meurt le 12 septembre 1932 dans le jardin de l’Institut qu’il avait créé en 1901. L’incinération étant, à l’époque, interdite à Bruxelles, elle a eu lieu à Paris en présence d’une importante délégation d’enseignants.

Directrice de l’école du vivant de Decroly, c’est tout naturellement qu’Amélie Hamaïde se considère comme étant le successeur désigné du pédagogue. Elle s’est toutefois heurtée à l’opposition d’un groupe de professeurs et d’une partie de la famille Decroly. Après 2 années de lutte, Mademoiselle Hamaïde démissionne et crée sa propre école à Bruxelles.

La méthode Decroly a fait des émules dans le monde entier. En 1932 déjà, elle compte des adeptes non seulement en Belgique et en Europe mais également en Turquie, en Bolivie, au Chili, en Equateur où elle est adoptée officiellement dans le programme des écoles publiques. Par ailleurs, elle est une source d’inspiration en Uruguay, au Brésil et en Colombie...

« Introduire des innovations dans les programmes d’éducation et d’enseignement, ce n’est pas une paille ! Le mécanisme lentement élaboré par les siècles est complexe et peu susceptible de réfections importantes ; aussi, la plupart de ceux qui y vivent et en vivent trouvent-ils qu’il vaut mieux ne pas y toucher. Ils ne s’y trouvent d’ailleurs pas mal et n’en constatent pas les lézardes »

Anthologie de textes extraits de manuscrits d’Ovide Decroly

Ovide Decroly Pédagogue, psychologue et professeur de psychologie de l’enfant
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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 11:37

Maria Montessori La femme du XXème siècle

Pourquoi s’intéresser à Maria Montessori ?

La pédagogie de Maria Montessori est la pédagogie la plus répandue dans le monde entier. Aucune autre pédagogie depuis 50 ans n’a eu cette expansion et aucune autre n’est en prévision. Elle a dépassé les frontières continentales.

Connaissez-vous cette grande dame italienne élégante qui est à l’origine de cette pédagogie ? Et pourtant, comprendre l’oeuvre de Maria Montessori c’est connaître le contexte social et historique durant lequel elle a forgé ses idées et travaillé d’arrache-pieds avec une équipe fidèle dans différents pays à des époques où l’Europe, les Etats-Unis et l’Inde sont en plein bouleversements.

La vie de Maria Montessori est étroitement liée à son œuvre. Sa démarche vient directement de ses expériences. Elle a écrit de nombreux ouvrages sur la pédagogie et l’éducation à la paix dont certains sont traduits en 20 langues. Grâce à l’éducation des enfants, elle espérait pouvoir contribuer à l’établissement de la paix dans le monde. Voyons cela…

Qui était Maria Montessori ?

Maria Montessori est née le 31 août 1870 à Chiaravalle près d’Ancône, elle est l’enfant unique de parents italiens catholiques et bourgeois. Maria montre très vite une vive intelligence et une grande détermination à agir dans sa vie. Ces deux traits de caractères vont lui être très utiles par la suite. A l’âge de 12 ans, passionnée par les sciences, elle décide d’être ingénieur, elle obtient son 1er diplôme technique en 1886. A l’époque, même son père s’oppose aux vélléités académiques de sa fille mais rien n’arrête Maria qui s’oriente résolument vers un destin scientifique. Maria Montessori Maria Montessori

En 1896, Maria Montessori devient la première femme médecin en Italie après avoir bravé la mise en quarantaine, dûe à son sexe dans les amphithéatres de sciences, et le désintéressement de son père dans ce qu’elle fait. On se représente mal aujourd’hui ce que Maria a été obligé de surmonter pour en arriver à ce statut mais elle ne va pas s’en contenter…

Maria travaille tout de suite comme assistante médecin à la clinique psychiatrique de Rome. Elle visite les asiles pour sélectionner les enfants pour la clinique. Elle commence ses premières conférences sur l’éducation des enfants handicapés en 1897 puis elle fait de la recherche à l’université de Rome et soutient la condition des femmes dans des congrès à l’étranger.

Maria Montessori, l’histoire d’une personnalité hors du commun

C’est en 1899 que Maria a le déclic : elle fait l’expérience de sa vie, celle qui va déterminer sa démarche pour le reste de sa vie… En effet, c’est cette année que la jeune doctoresse a créé une école d’orthophrénie ( du grec ortho : droit et phrénie : mental) pour les enfants déficients mentaux. Elle ne peut supporter de les voir « parqués » dans des salles sans activité ni objet autour d’eux.

C’est grâce à ce contexte et dans cet environnement qu’elle va expérimenter avec succès tous les principes qui forment aujourd’hui la pédagogie qui porte son nom. C’est également à cette époque que Maria connaît un bonheur non exprimé dans la naissance de son fils secret Mario, dont le père est Giuseppe Montesano le médecin de la clinique où tous deux travaillent. En 1901 elle décide de retourner étudier l’esprit pour compléter sa formation médicale et l’aider à parfaire sa compréhension des mécanismes d’apprentissage. Elle est embauché par le département d’anthropologie de Rome.

Maria lit et traduit les œuvres des français Messieurs ITARD et SEGUIN. Leurs travaux insufflent à Maria un élan nouveau pour la destinée de l’éducation des enfants. Itard est célèbre par l’éducation de Victor, l’enfant sauvage de l’Aveyron et grâce à ses travaux sur la surdité. Séguin a été son élève et un pédagogue pour handicapés mentaux. La création de la première Maison des enfants (Casa dei bambini) a lieu en 1907 à Rome. Elle accueille les enfants « normaux » des quartiers pauvres romains. Mario Montessori, le fils de Maria, suivra sa mère partout dans le monde dès l’âge de 15 ans.

Le docteur Montessori devient une conférencière sur presque tous les continents. Elle développe sa pédagogie et le matériel pour tous les stades du développement de l’enfant de 0 à 24 ans.

Il sera son plus fidèle soutien dans tous les sens du terme. En 1911, une américaine, Anne George, suit la formation d’éducatrice donnée par Maria Montessori à Rome. Elle ramène son enthousiasme aux Etats-Unis d’Amérique. Le livre de Maria « the Montessori method » est traduit en anglais en 1912. Dans la foulée, une centaine d’écoles sont fondées en Amérique du nord. En 1913 Maria part aux USA sur un paquebot transatlantique. Elle est reçue par Graham Bell (qui consacra sa vie aux personnes sourdes) qui l’invite à rester pour présider l’association Montessori aux Etats-Unis d’Amérique (mais Maria déclinera cette offre). Lors de ce voyage, elle rencontre également Thomas Edison (créateur du phonographe et ingénieur de l’ampoule électrique), Helen Keller (aveugle, sourde et muette qui réussit à lire, écrire, étudier et parler et fut la 1ère personne souffrant de ces handicaps à recevoir un dipôme universitaire) et Margaret Wilson (fille de Woodrow Wilson président des Etats-Unis de 1913 à 1921). Lors de cette « tournée américaine », Maria en profite pour former des éducateurs et éducatrices à sa pédagogie. Par la suite, le docteur Montessori devient une conférencière sur presque tous les continents. Elle développe sa pédagogie et le matériel pour tous les stades du développement de l’enfant de 0 à 24 ans.

Maria montessori qui a connu 2 guerres mondiales milite résolument pour la paix dans le monde au sein de toutes les cultures et religions

En 1931, premier exil : Maria fuit son pays car elle ne veut pas coopérer avec Mussolini. Elle s’installe en Espagne, qu’elle quitte une fois de plus à cause de raisons politiques en 1936 pour rejoindre l’Angleterre. Maria y publie des nouveaux livres dont « Paix et Education ». Elle s’installe ensuite aux Pays-Bas, invitée par une élève, Ada Pierson qui deviendra une amie jusqu’à sa mort. Dès 1939, Maria est invitée en Inde pour des conférences, elle y reste durant 6 années (c’est la guerre en Europe). Elle est alors âgée de 69 ans. Elle forme des centaines d’éducateurs et éducatrices indiens à sa pédagogie. Elle rencontre le Mahatma Gandhi.

En 1947, Maria et Mario reviennent aux Pays-Bas et fondent un centre de formation à Londres en Angleterre. Maria qui a connu 2 guerres mondiales milite résolument pour la paix dans le monde au sein de toutes les cultures et religions. Elle meurt à 82 ans le 6 mai 1952 à Nordwijk aan Zee aux Pays-Bas. Elle devait se rendre à Londres pour une conférence. Le mouvement créé par l’intuition et les recherches du docteur Montessori ne se fige pas après sa mort : en 1960, l’American Montessori Society est créée. En 1990 le gouvernement italien décide d’honorer la mémoire et le rayonnement de Maria Montessori en mettant son portrait sur les billets de 1000 lires. Maria a très tôt écrit pour expliquer les bases de sa pédagogie. Par la suite elle prenait le temps de penser et d’écrire chaque conférence. C’est ce travail considérable qui a participé à la diffusion très large de son oeuvre et de ses idées. Elle s’est attachée durant plus de 50 ans à suivre le même objectif qui était de libérer l’enfant afin de construire un monde de paix.

Les personnes qu’elle a rencontrées et dont elle s’est entourée tout au long de sa vie croyaient en cette possibilité. Un retour sur la trajectoire du docteur Montessori permet de mieux apprécier la profondeur de sa pédagogie et son influence dans le monde moderne. Plus que jamais, cette pédagogie est une lueur d’espoir dans l’éducation pour un monde nouveau !

Texte original rédigé par Murielle Lefebvre

Maria Montessori La femme du XXème siècle
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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 11:26

Les enfants de la psychanalyse Marion Mari-Bouzid. Mon Petit Éditeur (Paris), 2012, 308 pages, 25 €

Note de lecture de Jacques Van Rillaer - SPS n°303, janvier 2013

Ceci est la version intégrale d’une note de lecture abrégée parue dans le SPS n° 303.

Les historiens du freudisme ont noté, en passant, que beaucoup d’enfants de psychanalystes n’ont pas tiré profit d’une éducation « décomplexée », à commencer par la fille cadette de Freud, Anna, qui n’a jamais pu se détacher de son père, malgré des séances quotidiennes menées par Freud lui-même durant quatre ans. Quand Anna, après des études d’institutrice, deviendra psychanalyste, elle analysera Dorothy Burlingham, qui deviendra à son tour analyste. Les quatre enfants de Burlingham seront également analysés par Anna.

Deux se suicideront, dont un dans la maison de Freud. Hermina Hug, la première psychanalyste d’enfants, fut assassinée par son neveu Rudolf, qu’elle avait élevé de 9 à 18 ans après la mort de sa sœur1. Freud écrivait en 1920 à Eitingon qu’il cherchait un analyste pour son fils Oliver atteint de « névrose obsessionnelle » (31 octobre). Quelques semaines plus tard, il précisait : « Il est particulièrement difficile pour moi d’être objectif dans ce cas, parce qu’il fut longtemps ma fierté et mon espoir secret, jusqu’à ce qu’il devînt ensuite mon plus grand souci, dès lors que se déclara clairement son organisation anale-masochiste et qu’échouèrent ensuite les tentatives de lui offrir une fonction génitale. […] Je souffre beaucoup d’un sentiment d’impuissance » (13 décembre 1920). Ernest Jones écrivait à Freud le 16 mai 1927 : « Bien que nous les ayons élevés aussi sagement que nos connaissances nous le permettaient, aucun des deux enfants n’a échappé à la névrose, dont l’analyse a montré, comme d’habitude, qu’elle était beaucoup plus grave qu’il n’y semblait. […] Il est apparu que la fille souffrait d’un sévère complexe de castration, d’une culpabilité intense et d’une névrose obsessionnelle caractérisée. Le garçon était très introverti, vivait dans un monde onirique de bébé, et souffrait d’une inversion sexuelle quasi complète ».

À ma connaissance, il n’y avait pas d’ouvrage consacré aux enfants des psychanalystes. Cette lacune est à présent comblée par celui de Marion Mari-Bouzid. L’auteure a fait des études de psychologie dans une université où l’enseignement de la psychologie clinique est freudocentré. Elle en a retenu une bonne connaissance des concepts psychanalytiques.

Son ouvrage ne porte pas sur l’évolution malheureuse d’enfants d’analystes célèbres.

Il s’agit d’une enquête psychosociologique, basée sur des interviews approfondies de quatre filles et cinq fils de psychanalystes français réputés. Les interviews ont duré d’une heure et demie à trois heures. Ces personnes avaient entre 20 et 35 ans, et étaient donc capables de prendre du recul à l’égard de leur éducation. L’auteure a fait preuve de rigueur méthodologique. Pour les nombreuses citations d’interviewés qui illustrent son analyse, elle fournit généralement les questions qu’elle a d’abord posées.

L’ouvrage montre que les psychanalystes sont, dans l’ensemble, convaincus de leur utilité. Bien plus, ils sont très engagés dans leur profession, ils y pensent en permanence, ils fréquentent avant tout des collègues. Certains affirment vouloir cantonner leur pratique à la sphère professionnelle, mais tous leurs enfants sont imprégnés de freudisme et souvent également de lacanisme. Ces enfants sont pris dans la « toile » psychanalytique. Ils perçoivent le monde à travers les lunettes freudiennes : tout a toujours un autre sens que celui qui apparaît, rien n’est anodin, rien n’arrive par hasard, le moindre acte manqué déclenche le réflexe d’interprétation du sens « refoulé », les relations pères-filles sont problématiques car chacun « sait » que des tendances incestueuses sont « immanquablement » à l’œuvre.

Les enfants d’analystes interrogés passent beaucoup de temps à s’analyser. Cette pratique leur donne le sentiment d’avoir accès à leurs « désirs authentiques » (la grande question des psychanalystes d’aujourd’hui). Ce faisant, beaucoup se découvrent conflictuels, donc « névrosés ». Ils se diagnostiquent « hystériques », « obsessionnels », « un peu parano », etc. et ruminent indéfiniment leurs difficultés existentielles. Pour s’en sortir, certains entament une cure, d’autres s’engagent dans l’action (notamment l’action politique), d’autres encore cherchent quelqu’un qui donne des conseils concrets (le psychanalyste orthodoxe renvoie toujours la personne à ses propres questions, sans jamais indiquer des principes sûrs).

Autre caractéristique des enfants d’analystes : ils jouent facilement au psy avec leurs amis et copains. Certains en retirent un sentiment de pouvoir et de supériorité, mais ce faisant ils se coupent de leurs relations. D’autres comprennent le caractère abusif de ce comportement et se gardent de le pratiquer ouvertement. Au total, la « lucidité » freudienne se paie cher, elle ne facilite pas la vie des enfants qui s’y trouvent entraînés. C’est une des principales leçons de l’enquête.

L’ouvrage fourmille d’anecdotes significatives et instructives, comme celle-ci, d’une fille d’analyste elle-même en analyse, qui témoigne de la futilité d’une partie de ce qui se dit durant les longues cures freudiennes : « Mon père ne voulait pas changer les configurations du cabinet parce qu’il disait : ‘Si je change la configuration du cabinet, mes patients vont encore passer un quart d’heure à me dire : Vous avez changé le vase, vous l’avez mis à la place de ça, tiens j’aime mieux, tiens j’aime moins... enfin bref, ils vont passer encore....’ Et c’est vrai. Et moi, j’ai été chez mon psy dernièrement, et il a viré des plantes vertes (rit) et je lui ai dit : ‘Je suis désolée de vous faire la réflexion, mais je ne peux pas m’en empêcher (rit) : Vous avez enlevé votre plante verte’, et j’étais morte de rire et il me dit ‘oui’ et je lui dis : ‘Ça me fait rire parce que ça me rappelle mon père quand il changeait ses trucs dans le cabinet et il me disait : Toute la journée je vais avoir droit à "vous avez changé des trucs"’ et je lui dis : ‘Je ne sais pas le numéro combien je suis (rit), heureusement que ça n’est que le début’ » (p. 99).

L’ouvrage de Mari-Bouzid occupe désormais une place importante dans l’histoire de la psychanalyse et de sa pertinence éducationnelle. Comme nous sommes tous, après un siècle de diffusion du freudisme, un peu ou beaucoup « des enfants de la psychanalyse », son livre devrait intéresser bien plus de lecteurs que les spécialistes de la psychologie et de la psychiatrie.

1 Voir Han Israëls (2001) « Dr. Hug-Hellmuth : Le Journal d’une adolescente », SPS n° 246, p. 34-38.

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