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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 07:17

Saint Nicolas NICOLAS DE MYRE

Le personnage historique de Nicolas est mal connu. Il est né vers 270 à Patara, une cité de Lycie, au sud-ouest de l'Asie Mineure et mort entre 345 et 352 dans la ville portuaire de Myre (Demre, Turquie), en Asie Mineure, dont il était évêque. Il semble qu’il ait été en bute aux persécutions de l’empereur Dioclétien. Arrêté et emprisonné, il fut contraint à vivre un certain temps en exil. En 313, l'empereur Constantin établit la liberté religieuse et Nicolas revient à Myre pour y exercer son autorité. Il participa sans doute, en tant qu’évêque, au 1er Concile Œcuménique de Nicée en 325 (mais son nom n’est pas mentionné dans l'ancienne liste des évêques).

LE CULTE DU SAINT

Après sa mort, le culte de Nicolas s’étendit très rapidement. C’est l’une de ces figures de saint que la tradition populaire à chargée de nombreux faits et légendes, ce qui en fit, au fil du temps, un des saints la plus populaires de la chrétienté. Chaque épisode de sa vie a donné lieu à lieu à un patronage ou une confrérie d'un métier ou d'une région. C'est l'un des saints le plus souvent représenté dans l'iconographie religieuse : sur les vitraux des églises, dans les tableaux, en statue, sur les taques de cheminée, les images d'Epinal sur pain d’épice…

On dit que le jour de sa naissance il se tint debout dans le bain… Devenu grand, il évitait les divertissements et préférait fréquenter les églises… Il aurait ressuscité 3 enfants qu´un aubergiste avait assassiné et caché dans son saloir… Mais l’épisode « légendaire » le plus important attachée à la vie du personnage est celui des trois jeunes filles : un père, noble appauvri et endetté, vivait autrefois à Patara avec ses trois filles ; pour améliorer la situation familiale, il était sur le point de prostituer ses filles ou de les vendre comme esclaves, lorsque Nicolas eut vent de l’affaire. Trois nuits de suite, il alla jeter par la fenêtre de la chambre à coucher de l’or et de l'argent, avec lequel le père put non seulement rembourser ses dettes, mais encore doter ses trois filles afin de les marier correctement et de leur trouver une bonne situation.

Certaines versions de cette histoire racontent que saint Nicolas aurait jeté les pièces d'or par la cheminée...

Rapidement, son culte s´étend en Orient et il devint le saint patron de la Russie. Au début du VIè siècle, l'empereur Justinien construit une église en son honneur à Constantinople. Les légendes traditionnelles de à son sujet furent pour la première fois recueillies et écrites en Grèce par Metaphrastes au Xè siècle. Lorsqu’en 1087 les Sarrasins s’emparent de Myre, des marins italiens emportent ses ossements à Bari (d’ou le nom de saint Nicolas de Bari dans certaines régions…) En Allemagne, son culte s’étend à partir du règne déjà sous Otto II, probablement à cause de son épouse, la grecque Theophane. Au fil des siècles la légende disparaît peu à peu, à l'exception d'un épisode conté par Saint Bonaventure au XIIIe siècle. Celle des enfants enlevés, tués, mis au saloir et sauvés par le saint Nicolas qui leur rendit la vie.

C'est la légende la plus marquante sur Saint Nicolas.

Aussi, Nicolas de Myre (ou de Bari) « cumule les titres » :

◾ Patron de la Russie ;

◾ Patron des marins (Grande-Bretagne) ;

◾ Patron des écoliers dans l'est (Lorraine et Alsace), le nord de la France, la Belgique, l'Allemagne, la Suisse, la Hollande, l'Autriche, les Pays Bas…

◾ Patron de la Lorraine ;

◾ Patron des jeunes filles et des jeunes hommes à marier (On dit que les célibataires qui fêtent leur trentième anniversaire portent la crosse de Saint Nicolas) ;

◾ Patron des commerçants et des boulangers ;

◾ Patron des prisonniers, des tonneliers, des parfumeurs et des pharmaciens…

LA LEGENDE DES TROIS PETITS ENFANTS

La légende de Saint Nicolas raconte que le saint ait ressuscité trois petits enfants qui étaient venus demander l’hospitalité à un boucher. Celui-ci les accueillit et profita de leur sommeil pour les découper en morceaux et les mettre au saloir. Sept ans plus tard, Saint Nicolas passant par là demande au boucher de lui servir ce petit salé vieux de sept ans. Terrorisé, le boucher pris la fuite, et Saint Nicolas fit revenir les enfants à la vie.

Cet épisode est aujourd’hui le plus célèbre concernant le personnage de Nicolas de Myre, et est à l’origine de la célèbre chanson qu’autrefois l’on apprenait dans toutes les maternelles :

« Ils étaient trois petits enfants Qui s'en allaient glaner aux champs.

Tant sont allés, tant sont venus, Que sur le soir se sont perdus ; S'en sont allés chez le boucher : "Boucher, voudrais tu nous loger ?"

Ils étaient trois petits enfants Qui s'en allaient glaner aux champs.

"Allez-vous-en les garnements Nous avons trop d'empêchements." Mais sa femm' qu'était derriér' lui Bien vite le gourmandit.

Ils étaient trois petits enfants Qui s'en allaient glaner aux champs.

"Pour sûr, dit-ell', qu'ils ont d'l'argent. Nous en serons riches d'autant ! Entrez, entrez, mes beaux enfants, Y a d'la place assurément !"

Ils étaient trois petits enfants Qui s'en allaient glaner aux champs.

Ils n'étaient pas sitôt entrés Que le boucher les a tués ! Les a coupés en p'tits morceaux, Mis au saloir comme pourceaux

Ils étaient trois petits enfants Qui s'en allaient glaner aux champs.

Saint Nicolas, au bout d'sept ans, Vint à passer dedans ce champs. Alla frapper chez le boucher : "Boucher, voudrais-tu me loger ?"

Ils étaient trois petits enfants Qui s'en allaient glaner aux champs.

"- Entrez, entrez, Saint Nicolas, Y a d'la place, y n'en manque pas !" Il n'était pas sitôt entré Qu'il a demandé à souper.

Ils étaient trois petits enfants Qui s'en allaient glaner aux champs.

"- Voulez-vous un morceau d'jambon ? - Je n'en veux point, il n'est point bon... - Voulez-vous mieux un' tranche de veau ? - Tu ris de moi, il n'est point beau !"

Ils étaient trois petits enfants Qui s'en allaient glaner aux champs.

"- Du p'tit salé je veux avoir Qu'y a sept ans qu'est au saloir." Quand le boucher entendit ça, Hors de sa porte il s'enfuya.

Ils étaient trois petits enfants Qui s'en allaient glaner aux champs.

"- Boucher, boucher, ne t'enfuis pas Repens-toi, Dieu t'pardonnera." Saint Nicolas alla s'asseoir Dessus le bord de ce saloir.

Ils étaient trois petits enfants Qui s'en allaient glaner aux champs.

"- Petits enfants qui dormez là, Je suis le grand Saint Nicolas !" Et le saint étendit trois doigts... Les p'tits se lèvent tous les trois !

Ils étaient trois petits enfants Qui s'en allaient glaner aux champs.

Le premier dit : "J'ai bien dormi !" Le second dit : "Et moi aussi !" A ajouté le plus petit : "Je croyais être en Paradis !"

Ils étaient trois petits enfants Qui s'en allaient glaner aux champs. »

La légende de Saint Nicolas est très riche. Chaque épisode de sa vie, notamment des miracles, a donné à Saint Nicolas le patronage d'une confrérie, d'un métier ou d'une région.

Saint Nicolas est le saint: Déjà au Xe siècle après J. C., Saint Nicolas était vénéré en Allemagne et le 6 décembre on le fêtait comme et des marins. Des la première moitié du XIIe siècle, Saint Nicolas est le patron des clercs, particulièrement des clergeons ou écoliers. En Lorraine, Saint Nicolas passe encore dans les écoles maternelles. Le 6 décembre en Lorraine est jour de fête pour tous les petits enfants.

Au nombre de ses actes héroïques, on compte l'aide aux marins et aux pêcheurs en détresse et la résurrection de trois soldats condamnés injustement et de trois garçons assassinés.

Saint Nicolas assurait également de la nourriture aux gens souffrant de la famine, en multipliant miraculeusement la récolte de blé, grâce à quoi tout le monde avait suffisamment de pain. Il protégeait les veuves, les enfants, toutes les personnes lésées et poursuivies.

SAINT NICOLAS EN ALSACE LORRAINE

En Allemagne, en Suisse et dans l'est de la France surtout en Lorraine et en Alsace, c'est Saint Nicolas, patron des enfants, qui apporte les présents. Dans ces régions la date du 6 décembre, fête de la Saint Nicolas, revêtait jadis autant d'importance, si ce n'est pas plus que Noël, le 25 décembre (particulièrement en Suisse).

Saint Nicolas faisait le tour des villes, visitait les écoles maternelles, distribue des friandises aux enfants (du pain d'épices, des oranges et de mandarines) et se voit remettre les clés de la ville par le maire. Chars, défilés prestigieux, feux d'artifices accompagnaient souvent le cortège du saint qui faisait équipe avec un personnage sinistre, le père Fouettard. Celui-ci, tout vêtu de noir était chargé de distribuer les coups de trique aux garnements qui n’avaient pas été sages et d’effrayer les autres pour rendre la figure du saint plus sympathique…. Saint Nicolas va aussi de maison en maison dans la nuit du 5 au 6 décembre pour demander aux enfants s'ils ont été obéissants. Les enfants sages reçoivent des cadeaux, des friandises et les méchants reçoivent une trique donnée par le Père Fouettard. S

AINT NICOLAS DE FLUE

Il ne faut pas confondre Nicolas de Myre (ou de Bari) avec un autre personnage mort en odeur de sainteté,

Personnage historique bien mieux connu, Nicolas de Flüe (Niklaus von Flüe) (1417-1487), fêté le 25 Septembre et patron de la Confédération Helvétique. Fils de fermier, né à Sachsein (canton d´Unterwalden, Suisse), il prit les armes contre les Ducs d´Autriche et joua un grand rôle dans le gouvernement local. Il se maria vers 30 ans avec Dorothée Wis dont il eut 10 enfants. En 1468, après 20 de mariage, il quitta son épouse avec son consentement et se retira en ermite dans la montagne.

Après quelques temps, sur l´insistance de ses compatriotes, il redescendit dans la vallée à Rauft où on lui construisit un ermitage près d´une chapelle. Les habitants du pays venaient nombreux le voir pour obtenir des conseils et qu´il les recommande dans ses prières. Il vécut ainsi 19 ans.

Alors que les cantons suisses étaient près de sombrer dans la guerre civile, il sortit de sa retraite et, en tant que médiateur, fit beaucoup pour ramener la paix. Il confirma le duc Sigismond du Tyrol dans sa neutralité lorsque les suisses battirent Charles le Téméraire. Il mourut à Rauft, le jour de ses 70 ans, entouré de sa femme et de ses enfants. Il fut canonisé en 1947 par Pie XII et fut choisi pour être le patron principal de la Confédération.

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4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 08:02

Transfert (psychanalyse) .

Le transfert a d'abord été repéré par Freud dans les premières cures, notamment celle effectuée par Joseph Breuer. Le transfert était alors vu comme un simple déplacement d'affect d'une personne à l'autre, en l'occurrence le médecin. Freud a aussi utilisé le terme de "mésalliance" pour désigner ce phénomène.

Plus tard, cette notion est devenue une notion centrale de la psychanalyse et des psychanalystes. Sandor Ferenczi, Heinrich Racker et, en France, Michel Neyraut l'ont théorisé de manière beaucoup plus précise. C'est à partir de sa mise en évidence, des problèmes qu'il a posés dans le déroulement de la cure et des théorisations qui en ont découlé, que la psychanalyse s'est distinguée des autres formes de psychothérapies.

Définitions

"Le transfert en psychanalyse, est essentiellement le déplacement d’une conduite émotionnelle par rapport à un objet infantile, spécialement les parents, à un autre objet ou à une autre personne, spécialement le psychanalyste au cours du traitement." (Daniel Lagache, 1949 p. 33)

Selon Horacio Etchegoyen : Le transfert est une relation d'objet particulière, d'origine infantile, de nature inconsciente (processus primaire) et par conséquent irrationnelle, qui confond le passé avec le présent, ce qui lui confère son caractère de réponse inadaptée, déplacée, inadéquate. Le transfert en tant que phénomène du système ICS, appartient à la réalité psychique, au fantasme et non à la réalité factuelle.

Cela signifie que les sentiments, les pulsions et les désirs qui apparaissent dans un moment présent et par rapport à une personne déterminée (objet) ne peuvent être expliqués d'après les aspects réels de cette relation mais, en revanche en les référant au passé.

Francis Pasche définit ainsi et à sa manière le transfert au sens large (1975) : « La reviviscence de désirs, d'affects, de sentiments éprouvés envers les parents dans la prime enfance, et adressés cette fois à un nouvel objet, et non justifiés par l'être et le comportement de celui-ci.»

Le transfert dans l'œuvre de Freud

Le transfert est un concept majeur de Sigmund Freud qu'il a commencé à aborder au cours de son travail avec Joseph Breuer avec des hystériques et qu'il a développé tout au long de son travail, notamment avec l'analyse de Dora, dans ses écrits sur les conseils aux analystes jusqu'à la seconde topique de 1920 et dans ses écrits ultérieurs. Il en a fait l'un des piliers de la psychanalyse.

Le transfert est, d'abord et avant tout, un phénomène humain qui s'éprouve à des degrés variables dans toutes les relations entre individus. C'est évidemment dans la relation magnétiseur-magnétisé puis dans la relation hypnotiseur-hypnotisé (électivité des somnambules) et enfin, de nos jours de manière moins flagrante, dans la relation médecin-malade qu'il s'éprouve. Ce point est déjà évoqué par des hypnotistes, des magnétiseurs dont Puységur : « après la guérison, "complète", les anciens malades traités par le magnétisme sont susceptibles quelque temps encore de revenir à l'état somnambulique, s'ils entrent dans la chambre du traitement ou s'ils s'approchent de la personne qui les a magnétisés » (Puységur, 1986, p.XXI).

En introduisant cette notion de transfert, les physiologistes E.H. Weber (1834) puis Rudolf Kleinpaul (1884) ont ainsi mis en évidence l'importance de la notion de représentation dans l'effort d'apprentissage. E.H Weber envisageait le transfert comme une facilitation d'une activité et Rudolf Kleinpaul comme le passage d'un langage de geste et d'image à un langage de mots. Là où l'œuvre de Freud se démarque des visions, soit expérimentales soit impressionnistes qui prédominaient, c'est lorsqu'à partir de ses expériences cliniques, il songe à le théoriser puis à en faire « le moteur de la cure ». Il ne s'agit plus seulement de constater le phénomène du transfert, de le dénoncer, de le déplorer ou de le favoriser en le manipulant, mais surtout de l'analyser.

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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 18:11

Colloque de la Société Psychanalytique de¨Paris

Samedi 22 et Dimanche 23 Novembre 2014

Argument LE MEURTRE FONDATEUR Aux origines des conceptions du monde

La notion de meurtre traverse toute l’œuvre de Freud ; de Œdipe à Moïse, en passant par le meurtre du Père de la horde primitive. Eclipsé par sa trop étroite liaison au « père », l’acte du meurtre mérite une attention élective en tant qu’opération psychique engagée dans l’avènement du désir, de la pensée, des actions humaines. Au décours des troubles de la mentalisation, cet acte psychique peut être agi en tant que crime, ou inversement être à l’origine des inhibitions, indéterminations et défections.

Le meurtre est impliqué dans le complexe d’Œdipe au sein duquel il ouvre les voies de la transgression et de la psychopathologie. Par la culpabilité après coup, il peut se mettre au service de la morale civilisatrice et de la culture. Dans L’homme Moïse, s’entremêlent les deux lignées du meurtre destructeur et du meurtre générateur, selon une série de retours posthumes et d’après-coups féconds. Il participe alors à l’acte créateur, à l’inscription et la construction de l’histoire, à toutes les transmissions, héritages, cultes des ancêtres et arts funéraires, à la promulgation des interdits, des commandements et des lois, à la gestion des groupes et de la démocratie, à l’esprit du politique qui implique de pouvoir penser un art de la guerre.

Tous ces espaces dans lesquels il se transpose et se réalise, permettent de déduire son implication aux fondements même de la vie psychique. Il est certes efficient dans toutes les transformations pulsionnelles, dans la constitution du narcissisme par désexualisation, dans la promotion de l’objectalité au travers du deuil des objets oedipiens. Mais il est aussi actif dans toutes les modalités de travail psychique et tout particulièrement dans celle qui préside, toutes les nuits, à la régénération libidinale du psychisme, à la genèse d'une précieuse prime de désir au réveil. Il est l’opération princeps qui s’oppose à la qualité première de toute pulsion, sa contrainte à sa propre extinction. Ainsi fonde-t-il la vie pulsionnelle elle-même. Il en inscrit la source et les déploiements les plus divers jusqu’à son expression spécifique, celle du désir érotique exalté dans la sensualité d’une intimité des corps partagée. Là encore, le meurtre prouve sa présence en tant que clôture de l’aspiration à l’infini propre au fantasme. Cette implication envers le traumatique, via la différence des sexes, s’expose dans les mythes, cosmogonies et cosmologies, les conceptions du monde, antiques et contemporaines, qui lui réservent tous une place originelle, fondatrice.

Ainsi est-il possible d’affirmer qu’au commencement était l’acte de meurtre, avec ses deux destins, générateur et destructeur, qui ensemble l’instituent en tant qu’acte fondateur par excellence ; acte réactualisé par la méthode analytique, au cœur du divan, acte du conflit entre le bras armé infanticide, et le bras suspendu de l’émergence d’un devenir, entre le bris du fracas et la fermeté de la retenue.

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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 08:29

La violence et le sacré" de René Girard

Fiche de lecture by AV "La violence et le sacré" de René Girard

Fiche de lecture sur l'ouvrage anthropologique de Girard, qui analyse l’évènement fondateur de la violence et cherche à briser la méconnaissance dans laquelle l’homme est maintenu par le sacré.

Résumé:

Par l’étude comparée de plusieurs mythes, essais, tragédies, et rites appartenant à des cultures diverses et variées, passant de la Grèce antique à l’Afrique primitive, René Girard cherche à éclairer le lien entre la violence et le sacré, en tentant de remonter à l’origine des sociétés humaines. Ces textes et ces mythes vont s’éclairer les uns les autres, car ils font tous référence aux mêmes mécanismes, que l’auteur va analyser et décortiquer.

La violence est en effet, pour René Girard, au fondement de toute pensée religieuse et de tout ordre culturel, c’est-à-dire à l’origine même des sociétés. Un événement fondateur violent, serait pleinement destructeur si les hommes ne cherchaient à expulser la violence au-dehors, en la focalisant de manière unanime sur une victime émissaire. Pour briser le cercle des vengeances, et ensuite réguler la violence humaine de toute société, la communauté commémore cet événement dans le rite du sacrifice. La violence, d’abord maléfique, se transforme en violence bénéfique, puisque la violence protège la communauté de sa propre violence et qu’elle est à l’origine du rite, lui-même à l’origine de la pensée religieuse, du sacré et de l’ordre culturel.

I/ L’évènement fondateur

1/ Au déclenchement de la crise : le désir mimétique

2/ La crise sacrificielle

3/ Au paroxysme de la crise : le processus d’unanimité violente et le mécanisme salvateur de la victime émissaire

II/ La mise en place et les objectifs du rite sacrificiel

1/ Le rôle préventif du rite sacrificiel

2/ Les autres mécanismes préventifs de la violence maléfique

3/ L’interaction entre violence et sacré, et l’unité de tous les rites

Extrait du document:

Le désir mimétique est le processus déclencheur de la crise violente, du fait qu’il fait naître la violence réciproque. Il s’appréhende entre deux antagonistes : le modèle, et le rival. Le modèle va montrer au rival quel objet est extrêmement désirable, en le désirant lui-même : les deux désirs convergent vers le même objet, et vont donner naissance au cercle vicieux du désir, à savoir que le désir du modèle va soudainement se heurter à celui du rival. Cette situation va rapidement dégénérer en conflit violent, créant une rivalité entre le modèle et le rival.

La première réaction du modèle, surpris de se voir concurrencé sur l’objet de son désir, qu’il pensait acquis, va être d’empêcher le rival de s’en emparer. Il provoque chez ce dernier un sentiment d’humiliation et une volonté croissante de s’emparer de l’objet de son désir, se sentant frustré d’en être écarté.

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1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 16:14

Sexothérapie analytique

Définie par Claire et Robert Gellman, cette psychothérapie brève d’orientation psychanalytique vise essentiellement le dépassement du symptôme sexuel.

Néanmoins, l’essentiel du cadre analytique restera préservé comme la libre association, l’utilisation de l’outil transférentiel et l’analyse contre-transférentielle.

L’interprétation par contre n’est pas toujours indiquée et restera mesurée toujours en relation avec la résolution du symptôme.

En fait, le résultat escompté est une conscientisation des processus symboliques censurés, la compréhension croissante du patient sur l’origine de ces blocages sous le regard déculpabilisant du thérapeute et une résolution progressive de la problématique. Sexualité

Chez l’humain, elle désigne tout ce qui a trait aux éléments morphologiques qui font qu’il est reconnu comme sexué.

Donc, lorsque l’on parle de sexualité chez l’être humain, c’est souvent pour faire référence à la relation physique, aux organes génitaux ou encore à la procréation.

Une personne a des besoins physiologiques sexuels. Elle éprouvera, pour satisfaire ces besoins, le désir de s’accoupler avec une autre personne. Quel que soit le but final (évacuation de tensions sexuelles organiques, recherche de plaisir, désir de procréer ou tout cela à la fois) on pourra dire que cela rentre dans le domaine de la sexualité.

Mais le concept de sexualité a été élargi par S. Freud qui dégage, entre autres, une sexualité chez l’enfant (découverte fondamentale pour la psychanalyse).

Bien entendu, la sexualité infantile n’a rien de comparable avec celle de l’adulte mais très tôt, le petit enfant éprouve du plaisir (par la succion, les caresses de sa mère, etc.) il va donc être à la recherche de satisfactions diverses.

Cette quête va bien sûr subir de multiples transformations au fur et à mesure qu’il évoluera car il se trouvera dans l’obligation d’adapter ses désirs à la réalité qui l’entoure. Elle n’en est pas moins essentielle pour son développement psychique, par la recherche de satisfaction, l’enfant montre son désir de vivre.

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1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 16:05

Topique

Une topique est un lieu psychique.

Le concept de « topique » induit que l’appareil psychique s’organise à partir de différents systèmes ayant chacun des fonctions.

Ces systèmes sont séparés, distincts les uns des autres et chacun est régi par ses propres lois. Sigmund Freud définit deux topiques.

La première topique (1900) où il apparaît que le psychisme est dirigé par trois instances :

- Le conscient est le lieu qui nous rattache au monde extérieur, il assure le lien entre l’inconscient et le préconscient et le monde extérieur. Il est le lieu de perception et dispose d’une énergie qu’il déplace librement. Il est protégé des chocs trop violents par un pare-excitation.

- Le préconscient est le système qui se situe entre le conscient et l’inconscient. Les informations allant de l’inconscient au conscient passe d’abord par le préconscient. Celui-ci opère une « sélection » de ces informations et les censure avant de les accepter. Il les censurera de nouveau pour les laisser accéder au conscient. Il stocke également des informations susceptibles d’être utilisées par le conscient ou en instance de devenir inconscientes.

Ces deux systèmes sont régis par le principe de réalité

- L’inconscient est constitué d’éléments refoulés. Il est régi par le principe de plaisir* et ignore la temporalité. Il obéit au processus primaire et fonctionne par des mécanismes tels que la condensation et le déplacement.

Les rejetons de l’inconscient cherche à accéder à la conscience, c’est le « retour du refoulé », mais la censure du passage de l’inconscient au préconscient opère, doublée de la censure du préconscient au conscient :

L’expression de ce refoulé se traduit alors par les symptômes, les actes manqués, les lapsus, les rêves.

Limité par la première topique, Freud définit une seconde topique en 1920, celle-ci se divise en trois instances :

- Le ça est la partie la plus archaïque de notre personnalité. Il regroupe nos besoins vitaux tels que boire, manger… C’est sur une partie du ça que le moi se construit. Le ça est régi par le principe de plaisir, il n’obéit donc à aucune valeur, il est le réservoir de l’énergie pulsionnelle et n’a aucun contact avec l’extérieur.

- Le moi apparaît dés que l’instance du ça répond à une première frustration. Ce sera la base du moi. Jusqu’à l’Œdipe, on peut dire que le moi est en évolution dynamique.

Le stade oral permettra à l’enfant de construire les bases de son moi, de différencier le moi du non-moi.

Une fois les bases du moi posées, solides, l’enfant accédera à l’analité (qui confirmera la notion moi et non-moi) puis au stade phallique ; ce n’est qu’après l’Œdipe que le surmoi sera introjecté, le moi sera alors investi de toutes les lois qui régissent son fonctionnement.

- Le surmoi dans la conception freudienne, est l’héritier direct du complexe d’Œdipe. Le surmoi se structure à partir de l’introjection* des images parentales idéalisées. C’est dans le Surmoi qu’est introjecté l’interdit de l’inceste affirmé lors du complexe d’Œdipe. Toutes les valeurs inculquées seront dans le surmoi : morale, religion…

Le Surmoi a donc valeur de juge : la culpabilité* est une conséquence de l’instance surmoïque. Pour définir la seconde topique par rapport à la première, on peut dire que la totalité du ça est dans l’inconscient, le conscient regroupe une partie du surmoi mais la plus grande partie du conscient est constitué du moi.

Le moi a également une partie dans l’inconscient, ce sont ses défenses (voir : Défense). La plus grande partie du surmoi est inconsciente.

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27 novembre 2014 4 27 /11 /novembre /2014 16:43

Mort de Serge Moscovici : hommage à un immense penseur de la psychologie sociale

Par Francisco Comiran / Laurent Bègue Psychologie sociale

Serge Moscovici est décédé le 15 novembre 2014 à l'âge de 89 ans.

Avant d'être le père de l'ancien ministre, désormais commissaire européen, Serge Moscovici était un historien des sciences et un psychologue spécialiste de la psychologie sociale.

Francisco Comiran doctorant en psychologie sociale, et Laurent Bègue, professeur de psychologie sociale à l'Université de Grenoble lui rendent hommage. Édité par Henri Rouillier Auteur parrainé par Rozenn Le Carboulec

Serge Moscovoci est décédé le 15 novembre 2014.

Serge Moscovici est aujourd’hui considéré comme le plus grand théoricien français de la psychologie sociale. Il a été le premier intellectuel à comprendre combien les nombreux changements sociétaux ayant marqué les années 70 pouvaient inspirer une psychologie des influences sociales.

Jusqu’à cette période, la psychologie envisageait les processus d’influence comme découlant d’une situation de pouvoir.

Les individus susceptibles d’influencer les autres devaient impérativement détenir le pouvoir du fait de leur statut ou de leur nombre.

Les fameuses études de Stanley Milgram sur la soumission à l’autorité et de Salomon Asch sur le conformisme sont des illustrations de cette perception unilatérale de l’influence.

Cette approche de l’influence permet d’expliquer le maintien de l’ordre établi dans une société, mais est incapable d’expliquer le changement social.

Comment, en effet, des mouvements comme celui des droits civiques aux États-Unis ou celui défendant les droits des femmes ont pu émerger et transformer la société en profondeur, alors que les membres de ces mouvements étaient minoritaires et dépourvus de pouvoir ?

Ce sont ces changements qui ont amené Serge Moscovici à remettre en question la prédominance de l’influence par les majorités, à travers une série d’études convaincantes qui ont montré le rôle important des minorités dans les processus d’influence.

L’effet bleu-vert

Dans une étude fondatrice de l’influence minoritaire, Moscovici et ses collaborateurs plaçaient les participants dans des groupes de six et leur demandaient de juger de la couleur de diapositives qui leur seraient présentées.

1. Les diapositives

Les groupes étaient composés de quatre participants "naïfs" et de deux compères (des complices de l’expérimentateur) qui avaient pour consigne de toujours répondre que la diapositive était de couleur verte.

Les diapositives présentées étaient, en réalité, toutes de couleur bleue (avec des variations au niveau de la luminosité).

L’expérience comportait 36 essais, et bien qu’au début, les participants maintenaient leur jugement en répondant que la diapositive était bleue, petit à petit, leur réponse évoluait vers celle, pourtant erronée, des compères.

Tandis que dans un groupe contrôle composé exclusivement de participants naïfs, le taux de réponse "verte" était quasi nul, les réponses "vertes" des participants exposés aux compères environnaient les 8%.

Ces résultats ont montré que les minorités peuvent avoir une influence manifeste et immédiate, exprimée publiquement, dans des tâches aussi objectives que les tâches de jugement perceptif.

2. Les disques

À la fin de cette tâche en groupe, les participants étaient conviés à participer individuellement à une autre étude dans laquelle ils devaient juger de la couleur de plusieurs disques.

Certains disques étaient bleus, d’autres verts, mais la plupart était de couleur ambiguë et ce qui intéressait les chercheurs était le pourcentage de disques perçus comme étant de couleur verte.

L’objectif était de voir si la perception des couleurs des individus ayant été influencés avait changé.

Les résultats ont montré que les participants exposés à une influence minoritaire percevaient significativement davantage les disques comme étant de couleur verte que les participants du groupe contrôle n’ayant pas subi d’influence.

Moscovici et ses collaborateurs ont plus tard mis en place une méthode plus subtile pour mesurer cette influence latente se basant sur le phénomène perceptif de rémanence visuelle, qui consiste à percevoir, après avoir fixé une couleur, la couleur complémentaire de celle-ci lorsqu’elle a été remplacé par un fond blanc.

Les résultats ont montré que les individus influencés vers le "vert" perçevaient plus souvent une couleur rouge (complémentaire au vert), une fois la diapositive bleue disparue.

Ces résultats, qui ont été très remarqués lors de leur publication, ont montré qu’il existe une influence latente des minorités entraînant une modification des schémas perceptifs.

Comment les minorités nous influencent

Ce paradigme a permis d’explorer un certain nombre de facteurs favorables à l’émergence de de normes nouvelles.

Dans le but de déterminer le comportement à adopter pour une minorité qui se veut influente, il a été demandé aux compères de ne pas répondre systématiquement "vert" mais d’alterner entre les deux réponses, d’être incohérents.

Dans ce cas, l’influence minoritaire s’évanouissait. Une minorité influente se doit donc d’être cohérente dans ses opinions et jugements, qu’elle doit exprimer invariablement. Moscovici a ensuite conduit une série d’études visant à comparer, dans le même paradigme expérimental, les effets de l’influence selon qu’elle provienne d’une minorité ou d’une majorité.

En faisant varier le nombre de compères répondant "vert" à la couleur de la diapositive, de façon à ce qu’ils soient tantôt majoritaires, tantôt minoritaires, il a montré que la majorité consistante provoque, certes, une plus grande adhésion publique et immédiate, mais qu’elle n’a, contrairement à la minorité, aucune influence sur la façon de percevoir les couleurs.

En demandant à ces compères d’être soit consistants soit inconsistants, Moscovici a ensuite démontré qu’une minorité consistante n’est guère moins influente qu’une majorité inconsistante au niveau manifeste.

Le style comportemental de la source d’influence est donc un critère essentiel qui peut permettre aux minorités de faire entendre leurs idées.

Courage et confiance

L’intuition et l’ingéniosité de Serge Moscovici ont ainsi donné lieu à tout un courant de recherche.

Plus tard, dans sa théorie de la conversion, Moscovici postulera que lorsque nous nous trouvons en désaccord avec un groupe, nous résolvons le conflit différemment selon que ce groupe soit majoritaire ou minoritaire.

Lorsque le groupe est majoritaire, nous avons parfois tendance à essayer d’éviter le conflit en rapprochant notre point de vue de celui de la majorité.

Ce faisant, nous nous conformons, mais sans nécessairement adhérer réellement à la position majoritaire.

Lorsque le groupe ou l’individu est minoritaire, nous n’avons généralement pas envie de nous en rapprocher, mais sa position peut susciter de la curiosité, car il crée un conflit et s’expose ainsi aux punitions de la majorité, détentrice du pouvoir. Il faut donc du courage et de la confiance en ses idées pour s’opposer à une majorité, ce qui nous incite parfois à analyser en profondeur les arguments et l’issue de cette analyse peut nous amener à la conversion.

Ce processus entraîne une modification plus profonde, plus ancrée des opinions et, parfois, l’émergence de normes nouvelles qui transforment la société.

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 16:43

Savoir repérer et prendre en charge la souffrance au travail

Il arrive parfois que les tensions au travail deviennent délétères et aboutissent à des situations de souffrance psychique, de stress, de découragement, de crise, de conflit, de débordement et parfois même à de réels traumatismes (dans les cas d’accidents ou chez les victimes de harcèlement moral ou sexuel, d’agressions).

Si dans certains cas cette situation est passagère, parfois elle perdure et menace alors la santé physique et mentale. Les rapports professionnels sont troublés et l’équilibre familial peut être menacé.

Confronté à cette souffrance, le recours naturel, dans un premier temps, est la famille, les amis, le médecin. Mais dans certains cas, ces aides ne sont pas suffisantes, le repli sur soi et la culpabilité s’installent, le mal-être s’amplifie, la vie professionnelle devient insupportable, le goût pour la vie sociale se détériore, la tension monte en famille.

Si les symptômes physiques peuvent diminuer grâce aux médicaments, l’origine de la souffrance demeure. Il faut alors recourir à d’autre solutions centrées plus spécifiquement sur la souffrance psychique et ce, dès que possible.

Quel accompagnement ?

Le psychologue du travail propose un accompagnement dans le respect des règles éthiques et déontologiques.

Le suivi diffère d’une psychothérapie classique : le nombre de séance est généralement restreint (entre 3 et 10 en moyenne) et se veut le plus court possible, en fonction des cas et en accord avec le patient.

L’accompagnement reste axé sur le problème professionnel.

La relation est basée sur :

- une véritable écoute,

- l’expression des émotions,

- l’identification des difficultés,

- l’analyse des événements et leur positionnement dans la vie

Les objectifs poursuivis sont :

- réduire la souffrance et alléger la culpabilité souvent associée,

- comprendre les expériences vécues, leur donner du sens,

- rétablir la confiance en soi,

- répartir sur des bases plus adaptées, retrouver le pouvoir d’agir,

- travailler les pistes de sortie de cette situation.

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14 novembre 2014 5 14 /11 /novembre /2014 12:02

Le malheur du chômeur

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L'insatisfaction et la détresse psychologique engendrées par la perte d'emploi sont-elles variables selon les situations et les pays, et si oui, à quel facteur particulier peut-on les lier ?

Pour tenter de répondre à cette question, Duncan Gallie et Helen Russell, sociologues à l'université d'Oxford, ont comparé les données de onze pays européens au regard de quatre variables principales :

le taux de chômage global, la composition des populations de sans-emploi en termes de sexe et d'âge, le niveau de protection sociale et le contexte culturel en matière de valeur attachée au travail.

Leurs conclusions font apparaître d'abord que l'insatisfaction des chômeurs est partout plus grande que celle des non-chômeurs, mais que son degré relatif varie selon les pays : il est spécialement prononcé en Angleterre, en Irlande, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Italie.

La France se situe à un niveau moyen, égal à celui du Portugal.

Quelles raisons peut-on trouver à cette variation ?

Certains sociologues ont avancé l'idée que l'existence durable d'un volant de chômage élevé dans un pays pouvait engendrer une adaptation de l'ensemble de la société à cette situation et diminuer l'impact psychologique négatif de la perte d'emploi. Mais cette hypothèse ne semble pas confirmée par les chiffres, car aucune variation du niveau d'insatisfaction des chômeurs ne semble liée au taux de chômage global.

Existerait-il un rapport entre l'importance accordée au travail dans la culture nationale et le sentiment de malheur ?

Après avoir souligné la complexité d'une telle mesure, les auteurs concluent plutôt négativement : aucune corrélation nette n'apparaît entre l'engagement au travail et le vécu des sans-emploi.

En revanche, l'âge et le sexe sont beaucoup plus significatifs : les femmes, les jeunes et les plus de cinquante ans supportent mieux, en moyenne, la condition de chômeur que les hommes entre 30 et 49 ans.

Enfin, s'il fallait tirer un enseignement unique de cette étude, on retiendrait que c'est dans les pays où la protection sociale est moindre et où le chômage affecte des familles entières que les effets déprimants de la perte d'emploi sont le plus durement ressentis.

Bref, l'impact négatif du chômage sur le moral de l'homme contemporain, dont on pouvait penser qu'il était lié à toutes sortes de représentations psychosociologiques, semble tout de même bien avoir sa source dans les inquiétudes économiques objectives que comporte la perte d'emploi.

REFERENCES

D. Gallie et H. Russell, « Unemployment and Life-Satisfaction: A Cross-Cultural Comparison », Archives européennes de sociologie, t. 39, 1998/2.

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11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 09:26

Les traumatismes de la guerre de 14-18

« Depuis que je suis parti de la maison de santé, mon état ne s'est pas amélioré. J'ai essayé toutes choses : travail, exercices divers, repos… ce travail du cerveau est toujours là, élancement, persécutions, craquements, coups, ronflements, insomnies m'enlevant l'aptitude au travail; Or je n'ai pas de situation personnelle et il m'est impossible den cet état de gagner ma vie. Comme vous m'avez conseillé monsieur le docteur de m'adresser à mon député pour un secours, je viens d'être forcé de faire. Il trouve ma demande parfaitement justifié et me demande de produire un certificat médical attestant mon état nerveux d'origine de guerre. » Le caporal D. écrit ces mots en août 1917 au médecin-chef de la ville d'Alençon.

Alliant l’extrême violence à la nouveauté technologique, la guerre de 1914-1918 traumatisa les combattants. Des documents bouleversants et inédits font entendre la parole de ceux qui passèrent du front à l’asile. Dès la mobilisation générale et les premiers combats, la guerre de 1914 dont personne ne prévoyait qu’elle durerait jusqu’en 1918, imposa un rythme et une violence auxquels nul n’était préparé. La psychiatrie et la médecine militaire furent prises au dépourvu. De l’homme de troupe jusqu’à l’officier, ils furent des milliers à souffrir de troubles du comportement qu’on ne savait ni soigner, ni décrire : dingos, idiots, fous… Peu à peu, toutefois, se développa une réflexion sur les névroses et les traumatismes de guerre. Mais celle-ci fut « oubliée », refoulée, au fil des années 1920-1930, tout comme furent marginalisés, délaissés ceux que la guerre avait rendu fous sans qu’ils aient nécessairement de blessure visible.

Se fondant sur des documents inédits, puisés dans les archives des asiles et des hôpitaux, Hervé Guillemain et Stéphane Tison font entendre la voix des ceux qui furent brisés par la guerre : les hommes, leurs femmes, leurs enfants. Rythmant leur étude de récits vrais, bouleversants dans leur simplicité et leur sobriété, ils montrent l’ampleur du défi auquel fut confrontée la psychiatrie, et la révolution intellectuelle qui mit plusieurs décennies à s’accomplir.

Du front à l'asile, 1914-1918. Stéphane Tison, Hervé Guillemain. Alma éditeur, septembre 2014, 416 pages, 24 euros.

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