Sigmund Freud, le père de la psychanalyse.
Neurologue et psychiatre autrichien d’origine juive, Sigmund Freud est le père de la psychanalyse. Ses théories ont souvent été controversées, mais Freud est sans aucun doute l’un des scientifiques qui aura le plus influencé la pensée de son siècle.
Sa jeunesse
Il grandit en Autriche, à Vienne, où il fera des études universitaires brillantes, mais probablement pas en accord avec ses propres attentes. Attiré à une époque par un engagement politique, il a nourri tout au long de sa vie une ambition forte, mais conservera toujours une certaine distance avec le pouvoir. Le climat social et politique ne lui sera pas vraiment favorable. Il trouvera dans la médecine et plus particulièrement la micro - chirurgie réparatrice de la verge, de quoi comprendre une part de son évolution, et la nature des ses futures découvertes. Il deviendra en ce domaine un chirurgien reconnu et recherché, mais il finira par tourner le dos à cette spécialité pour se consacrer aux souffrances mentales.
Ses débuts dans la psychanalyse
En 1885, Freud obtient une bourse pour se rendre à Paris et suivre un stage à la Salpêtrière auprès du docteur Charcot, neurologue le plus reconnu de l’époque. C’est alors qu'il précise ses connaissances sur l’hystérie, pathologie très en vogue à l’époque et considérée jusqu'alors comme liée à l'utérus, et sur les traitements à base d’hypnose. Fort de cette expérience, il revient à Vienne après un passage par Berlin et ouvre son cabinet de consultation. C’est aussi à cette période qu’il se consacre à l’étude d’Anna O, jeune femme hystérique, en collaboration avec Joseph Breuer.
Alors qu’il pratique la médecine nerveuse traditionnelle dans son cabinet, Freud décide, faute de résultats convaincants, de tenter la méthode de l’hypnose. C’est sur le désormais célèbre cas d’Anna O que Freud concrétise ses recherches et obtient des résultats concluants, publiés dans les Etudes sur l’hystérie en 1895. La découverte fondamentale est le lien entre les symptômes de la malade et ses souvenirs refoulés dont elle n’a pas conscience. En faisant revivre à la patiente ses souvenirs sous hypnose, les symptômes de la maladie s’atténuent. C’est ce que Freud appelle la catharsis, c’est-à-dire la purification. Toutefois, il doit faire face à l’hostilité du corps médical.
A partir du cas d’Anna O, Freud va alors s’engager dans une nouvelle voie et mettre au point la psychanalyse. Sa méthode prend un nouveau tournant lorsqu’il abandonne l’hypnose pour la libre association, acceptant la demande d’une patiente connue sous le nom d’Elisabeth von R. Désormais, les patients s’expriment consciemment mais en ne pratiquant pas la censure habituelle dans le langage social et en se laissant guider par ce qui leur vient à l’esprit.
Freud, affecté par la mort de son père en 1896, décide de pratiquer une auto-analyse et se consacre parallèlement à l’interprétation de ses rêves. En parallèle, il fait des recherches sur la sexualité infantile, ce qui l’éloigne de son ami Joseph Breuer.
Le concept de transfert, c’est-à-dire de report de sentiments infantiles refoulés sur son entourage, sa théorie sur le complexe d’Œdipe ainsi que les phases de la sexualité chez l’enfant sont théorisés dans cette période faste. Avec les publications successives de "De l’interprétation des rêves" et de "Trois théories sur la sexualité", Freud met ainsi au point une véritable théorie qui lui vaut beaucoup de critiques parmi les médecins, mais qui aboutit aussi à une véritable école où l’on retrouve notamment Alfred Adler et Carl Jung.
Ses principaux concepts
Selon Freud, notre comportement est le résultat d’une équation savamment orchestrée entre trois instances distinctes :
Le Ça : il s’agit de manifestations somatiques (agressives, sexuelles ; aspect instinctif et animal). Si le Ça est inaccessible à la conscience, les symptômes de maladie psychique et les rêves permettent d’en avoir un aperçu. Le Ça obéit au principe de plaisir et recherche la satisfaction immédiate, c’est une sorte de marmite où bouillonnent tous nos désirs refoulés.
Le Moi : il est en grande partie conscient, c'est le reflet de ce que nous sommes en société. Il cherche à éviter les tensions trop fortes du monde extérieur, à éviter les souffrances grâce notamment aux mécanismes de défense se trouvant dans la partie inconsciente de cette instance. Le Moi est l’entité qui rend la vie sociale possible. Il suit le principe de réalité.
Le Surmoi : il se constitue par différenciation du Moi. C’est une modification du Moi par intériorisation des forces répressives que l’individu a rencontré au cours de son développement. En cas de conflit avec le Moi, son activité se manifeste par le développement des émotions qui se rattachent à la conscience morale, principalement la culpabilité. Dans certaines névroses, ce sentiment peut rendre la vie intolérable. Le Surmoi se forme, entre autres, par l’identification de l’enfant aux parents idéalisés, normalement au parent du même sexe.
Ses thérories sur la sexualité infantile
C'est en psychanalysant des malades adultes que Freud a découvert des événements traumatisants ou des difficultés relationnelles survenues lors des premières années de leur vie. Selon lui, toute la genèse de la personnalité s'explique en fonction du développement de la pulsion sexuelle, ou libido. Il fit scandale en son temps lorsqu'il parla de "sexualité infantile", dont voici les différents stades :
Le stade oral : de la naissance à 12-18 mois, la zone érogène privilégiée du bébé est la bouche, notamment à travers l'action de l'allaitement. Il prend plaisir à téter le sein de sa mère. C'est le plaisir de manger et d'être mangé.
Le stade anal : l'enfant se focalise entre 18 mois et 3-4 ans sur la région rectale, le plaisir est généré par le fait de retenir les matières fécales (rétention) ou de les expulser (défécation). C'est aussi à ce moment que l'enfant entre en opposition constante, ce qui a parfois donné à ce stade le nom de stade sadique-anal.
Le stade phallique : Pour Freud, la structure de notre personnalité se crée par rapport au complexe d’Œdipe et à la fonction paternelle. Le complexe d’Œdipe intervient au moment du stade phallique. Cette période se termine par l’association de la recherche du plaisir à une personne extérieure, la mère. Le père devient alors rival et l’enfant craint d’être puni de son désir de la mère, par la castration par le père. L’enfant refoule donc ses désirs et alimente son Surmoi avec le concept de culpabilité et de pudeur entre autres.
Son travail sur les rêves
Pour Freud, son travail sur les rêves est le plus important de tous. Ce sont des représentations de désirs refoulés dans l’inconscient par la censure interne (le Surmoi). Les désirs se manifestent dans le rêve de manière moins réprimée qu'à l'état de veille. Le contenu manifeste du rêve est le résultat d'un travail intrapsychique qui vise à masquer le contenu latent, par exemple un désir oedipien. En cure de psychanalyse, le travail repose sur l'interprétation à partir du récit du rêve. Les associations du patient sur son rêve permettent de révéler son contenu latent.
Le travail du rêve repose sur quatre procédés :
Le rêve est condensé, car en une seule représentation seront concentrées plusieurs idées, plusieurs images, parfois des désirs contradictoires.
Le rêve est décentré, le désir déformé sera fixé sur un autre objet que celui qu'il vise, ou sur de multiples objets jusqu'à l'éparpillement. Il y a un déplacement de l'accent affectif.
Le rêve est une illustration du désir en ce qu'il ne l'exprime ni en mots ni en actes, mais en images. Ici joue le symbole : la représentation substitutive de l'objet et du but du désir est parfois typique et d'usage universel.
Enfin, le rêve est aussi le produit d'une activité également inconsciente, mais s'efforce de lui donner une apparence de vraisemblance, d'organisation, de logique interne. C'est l'élaboration secondaire.
Ses principaux ouvrages
Les principaux ouvrages de Freud qui ont marqué leur temps :
- Cinq leçons sur la psychanalyse (1904), par Sigmund Freud, Yves Le Lay, et Serge Jankélévitch - Payot (9 juin 2004).
-Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), par Sigmund Freud - Gallimard (28 septembre 1989).
- Névrose, psychose et perversion, par Sigmund Freud - Presses Universitaires de France (PUF), 12e éd (1 août 1999).
- Sur le rêve, par Sigmund Feud - Gallimard (24 octobre 1990). -
La naissance de la psychanalyse, par Sigmund Freud - Presses Universitaires de France (PUF, janvier 1991).