Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 mars 2015 4 12 /03 /mars /2015 09:34

L'abbé de l'Épée fut l'un des précurseur, au XVIIIe siècle, de l'émancipation intellectuelle et sociale d'une communauté en attente d'un moyen universel de communication.

Si l'option « langue française des signes » au baccalauréat est à l'ordre du jour, elle représente peut-être l'aboutissement d'une démarche initiée au XVIIIe siècle par Pierre Ponce, Jean-Paul Bonnet, Pereire, mais surtout l'abbé de L'Épée.

Discernement, abnégation et dévouement guidèrent celui-ci dans son combat visant à rompre l'isolement des sourds-muets grâce au langage des signes qu'il mit au point vers 1770.

Qui était l’abbé de l’Épée ? Charles Michel de l'Épée est né à Versailles en 1712, d'un père architecte du roi. La condition aisée de ses parents lui permet de faire des études de droit. Il devient avocat au parlement de Paris en 1733, mais abandonne sa carrière de juriste pour entrer dans les ordres.

Il se heurte d'emblée avec la hiérarchie de l'Église du fait de ses penchants jansénistes. Privé d'exercer son ministère à Paris, il partage son temps entre les études et les œuvres de charité. Sa première rencontre avec les sourds est due à un hasard : vers 1760, le précepteur de deux sœurs jumelles sourdes venant de mourir, leur mère s'adresse à l'abbé pour continuer leur éducation.

Se trouver en présence de deux jumelles fut déterminant pour lui : il se rendit compte que c’était avec des signes qu’elles communiquaient. À partir de cette rencontre, l'abbé de l'Épée concevra un vaste projet d'éducation de masse des sourds.

Le langage des signes

L’abbé de l’Épée se mit à étudier les fameux signes, à les coordonner, à les enrichir... Bientôt, il transforma sa maison de la rue des Moulins en une école ouverte à tous les sourds-muets. Vite, il eut 60 élèves.

Il organisa des exercices publics destinés à faire connaître son travail. Le roi Louis XVI en personne y assistera et consentira à des subventions et à l'attribution de locaux, le Conseil des ministres affecta aux sourds-muets une partie du couvent des célestins, Joseph II et Catherine de Russie lui envoyèrent des éducateurs à former. Il eut 19 disciples qui fondèrent 17 écoles.

En juillet 1791, son école, transférée dans le couvent des célestins en 1790, fut élevée au rang d’Institution nationale. C’était, en France, la première école gratuite pour les sourds-muets. Cette école deviendra l'Institut national des jeunes sourds, aujourd'hui mieux connu sous le nom d'Institut Saint-Jacques à Paris.

La statue de l’abbé de l’Épée qui se trouve dans la cour d’honneur est l’œuvre d’un sculpteur sourd, Félix Martin (ancien élève de cette même école).

Fonctionnement de la « langue des signes française » ou la L.S.F

Les sourds, comme les entendants, obéissent, chacun pour leur propre langue, à un ensemble de règles qu’on appelle grammaire. Cette grammaire gouverne l’usage du corps : comment les mains et les bras bougent dans l’espace et quelles expressions du visage et mouvements de tête et d’épaules les accompagnent…

Chaque signe est construit par la combinaison de cinq éléments ou paramètres qui se font tous en même temps :

•l’expression du visage ;

•la configuration (la forme de la main) : 35 formes environ ;

•l’orientation (de la main et des bras) ;

•l’emplacement (l’endroit où le signe se fait : sur le corps, une quinzaine ; dans l’espace, trois endroits principaux) ;

•le mouvement (de la main ou des bras).

Conclusion

Les langues des signes sont des langues gestuelles utilisées par les sourds, elles assurent toutes les fonctions remplies par les autres langues naturelles.

En 1991, la loi Fabius offre aux parents d'enfants sourds la possibilité de choisir une éducation bilingue pour leurs enfants.

En février 2005, une loi décrète la LSF comme langue officielle en France.

En savoir plus :

La délégation générale à la langue française et aux langues de France - 6, rue des Pyramides 75001 Paris.

Partager cet article
Repost0

commentaires