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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 09:58

valeur et condition de l’Education républicaine par MICHEL BERTHELIER, Elu FCPE 21.02.10

Inscrit dans notre constitution, le principe de laïcité n’est pas seulement une valeur centrale de la République au même titre que notre devise Liberté – Egalité – Fraternité.

C’est aussi une condition nécessaire d’une Education véritablement républicaine. La laïcité est au cœur du vivre ensemble dans la cité comme dans l’école.

Dans une société de plus en plus diverse, seule la laïcité garantit la liberté de conscience et de pensée de chacun.

Le respect de cette liberté est aussi essentiel que la liberté elle-même.

Respecter la liberté d’autrui, c’est s’interdire d’accaparer sa conscience en envahissant sa sphère privée, individuelle, intime même.

D’abord collective, la laïcité garantit à chaque homme un espace de réflexion personnelle, une liberté totale de choix spirituels sur lesquels il n’aura jamais à s’expliquer ou à se justifier puisqu’ils relèvent uniquement du privé et de l’intime. Il pourra aussi, s’il le souhaite, en faire sa ligne de conduite personnelle en croyant d’abord en l’homme et en sa capacité à répondre par lui-même aux questions fondamentales de l’existence.

Valeur personnelle, la laïcité est un choix de vie au même titre qu’un autre; valeur collective, elle est une garantie de la liberté individuelle.

En respectant les convictions de chacun, mais en n’accordant aucun privilège à aucun courant de pensée quel qu’il soit en matière de pouvoir temporel, la laïcité est un facteur d’égalité entre les hommes. Dans la cité laïque ou dans l’école laïque, la place de l’homme ou de l’enfant n’est ni liée à ses croyances, ni assujettie à son appartenance à telle ou telle religion. Il ne peut ni en souffrir, ni en tirer un quelconque profit ou pouvoir.

Lieu de socialisation et d’enseignement, l’école est aussi un lieu d’apprentissage du vivre ensemble, du respect d’autrui, qui le préparent à l’exercice futur de sa citoyenneté. Une pratique active de la laïcité dans tous les champs d’action de l’école, c'est-à-dire dans et hors de la salle de classe, est nécessaire pour garantir un accès égal et serein à toutes les connaissances sans exclusive, une découverte et une compréhension de tous les systèmes de valeurs et de pensée et pour prévenir toute tentation ou tentative d’imposer une vision particulière du monde, de la vie et de dicter des comportements sur la base de valeurs autres que les valeurs communes de la République.

Cette exigence est d’autant plus forte que l’Ecole s’adresse à des esprits jeunes, qui sont plus influençables parce qu’ils sont encore en cours de de construction. Soucieuse de l’égalité des chances, respectueuse de la liberté de chacun et vecteur d‘intégration dans la seule communauté qui vaille, celle des citoyens, l’Ecole de la République ne saurait tolérer un quelconque différentialisme dans ses processus éducatifs, dans ses contenus pédagogiques – cours de sciences et vie de la terre, cours d’éducation physique etc. ou dans ses modes de fonctionnement au nom de quelque conviction philosophique ou religieuse que ce soit.

Face à des revendications communautaristes de toutes natures, l’Ecole doit démontrer dans son action quotidienne son rôle au service de l’intérêt général et de l’intégration de tous dans la République.

La question des signes ostentatoires qui a animé le débat public il y a quelques années et reste hélas d’actualité –

que dire par exemple de cet établissement privé catholique refusant de retirer la croix ornant le mur d’une salle accueillant en juin dernier des candidats au baccalauréat ?

Que dire surtout des autorités de l’Education Nationale qui ne sont pas intervenues lorsqu’elles ont été alertées par un enseignant du service public ?

Comment refuser aujourd’hui à des établissements de confession musulmane ce que l’on autorise depuis des décennies à des établissements catholiques ?

Le développement des établissements à caractère confessionnel, l’extension de leurs activités et l’obligation de leur financement par l’argent public représente aujourd’hui un danger pour la cohésion sociale et nationale.

Les communautés dont ils se réclament sont ainsi encouragées à faire valoir leurs différences et à réclamer une reconnaissance accrue de leurs spécificités. Dès lors qu’un enfant sera éduqué selon des valeurs chrétiennes, juives, musulmanes, il sera enfermé dans une certaine vision du monde et il ne sera pas enclin à se confronter à d’autres approches. Ses capacités d’écoute seront nécessairement affaiblies, sa compréhension sera limitée et la tentation d’imposer sa vision aux autres en sortira renforcée.

Pourquoi alors s’intégrer dans la République alors que l’on a été formé dans sa communauté ? Pourquoi respecter une loi qui n’est pas en vigueur ou qui ne correspond pas à la tradition de sa communauté ?

Pourquoi se soumettre à une loi commune puique nous bénéficions de règles et d’autorisations particulières au titre de notre appartenance communautaire ?

C’est ainsi que le différentialisme aboutit au communautarisme, et que l’on en vient à poser la question de l’identité nationale dans un pays qui, au travers de son identité républicaine depuis 3 siècles, pouvait légitimement prétendre à l’universalité de ses valeurs fondatrices que sont la Liberté, l’Egalité et la Fraternité.

La laïcité mérite aujourd’hui de compléter ce tryptique parce qu’elle les conditionne et les surplombe.

Comme notre République, la laïcité est une et indivisible. Accepter le premier accroc au principe de laïcité revient à l’abandonner totalement. En matière d’Ecole, nous payons encore aujourd’hui le recul de 1984 sur l’idée du grand service public et laïc d’Education !

valeur et condition de l’Education républicaine
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