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30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 08:22

Plusieurs types d'amnésies existent mais elles peuvent être regroupées en deux grandes classes selon le type de trauma qui est à leur origine. Ce sont les amnésies neurologiques (ou organiques) et les amnésies psychogènes (ou fonctionnelles).

Les amnésies neurologiques sont causées par des dommages spécifiques au cerveau, généralement dans la région où l'on retrouve l'hippocampe.

Le célèbre cas du patient H.M. est par exemple très révélateur de l'importance de cette région. La lésion peut survenir suite à un traumatisme crânien (un coup sur la tête), un accident cérébro-vasculaire (une artère qui éclate dans le cerveau), une tumeur (qui écrase une partie du cerveau), une hypoxie (manque d'oxygène), certaines encéphalites, un alcoolisme chronique, etc.

Les amnésies psychogènes sont des désordres de la mémoire qui résultent de traumatismes psychologiques.

Bien que ces traumatismes affectent le cerveau d'une certaine manière, il n'y a pas de lésion décelable ou de dysfonctionnement décelable dans le cerveau de ceux qui en souffrent.

Ce sont plutôt des événements désagréables comme un stress chronique, une peur intense, un viol, l'inceste, etc. qui sont à l'origine de la perte de mémoire.

Les causes des amnésies sont donc multiples et les symptômes associés à chaque type sont bien connus. La plupart du temps, on observe par exemple que c'est la mémoire épisodique, celle des souvenirs personnels, qui est la plus sévèrement atteinte.

Il est normal que des personnes âgées même en santé aient un peu plus de difficultés à retenir des événements des jours ou des semaines précédentes. La mémoire de travail est peu touchée par ce phénomène qui affecte surtout la mémoire épisodique à long terme.

En effet, les gens âgés ne perdent pas leur mémoire sémantique (même s'ils peuvent être plus lent dans des tâches impliquant l'identification de mots) ni le répertoire de leur savoir-faire (mémoire procédurale) s'ils ont l'occasion de maintenir ces acquis par la pratique.

Car si l'on sait maintenant que notre capital de neurones est tellement important que nous pouvons aller au terme de notre existence avec des performance mnésiques préservées, on sait aussi que la mémoire a besoin d'être fréquemment sollicitée pour bien fonctionner: sa gymnastique doit donc se poursuivre le plus tard possible.

Le patient le plus célèbre de l'histoire de l'étude de la mémoire dont les initiales étaient H.M. fut étudié pendant 40 ans à Montréal par le Dr. Brenda Milner.

Pour réduire ses crises d'épilepsie, on avait enlevé à H.M. une partie de son cortex cérébral qui incluait l'hippocampe. L'effet secondaire non prévu de cette expérience fut spectaculaire: H.M. avait un souvenir intact des épisodes de sa jeunesse, mais était incapable d'accumuler le moindre nouveau souvenir à long terme. Le visage des gens, ses propres faits et gestes, tout disparaissait en quelques minutes, confirmant le rôle majeur de la partie manquante de son cortex pour l'acquisition de nouveaux souvenirs.

Fait à noter, sa mémoire procédurale (celle du "savoir faire" qui permet de s'améliorer au problème des tours de Hanoï par exemple) n'était en rien affectée, ce qui soutenait l'hypothèse que différents systèmes de mémoire reliés à différentes structures cérébrales cohabitaient chez l'être humain.

AMNÉSIE ANTÉROGRADE ET RÉTROGRADE

Selon que l'oubli se fait " au fur et à mesure " ou qu'il correspond plutôt à une impossibilité de se rappeler de certains faits passés, on distingue deux grands types d'amnésies :

Dans l'amnésie rétrograde, on oublie les événements de notre vie survenus avant le trauma, les faits les plus anciens étant les plus résistants à l'oubli.

Une récupération est possible, mais les faits les plus rapprochés de l'accident sont moins bien retrouvés et peuvent être perdus à jamais.

La mémoire épisodique est encore une fois davantage atteinte que la mémoire sémantique. La personne conserve donc généralement la mémoire des mots et des faits publiques, tel la présidence d'un pays.

Cette amnésie est souvent associée à des pathologies neurodégénératives comme la "maladie d'Alzheimer". Dans ces situations, plus la maladie progresse plus le passé se dissout.

L'amnésie antérograde est l'incapacité de mémoriser des faits nouveaux et donc d'apprendre. A la suite d'une lésion affectant le circuit de Papez, la personne devient incapable de retenir des faits nouveaux (mémoire explicite) on parle "d'oubli à mesure".

Dans cette amnésie, la mémoire à court terme et la mémoire procédurale sont conservées puisque indépendantes du circuit de Papez.

On garde ses compétences mais pas le souvenir de les avoir acquise (l'acquisition concernant la mémoire explicite épisodique).

Elle apparaît à la suite souvent à la suite d'un événement ponctuel comme un traumatisme crânien, un arrêt cardiaque, une asphyxie, une crise d'épilepsie, etc.

Plusieurs amnésies ont à la fois des composantes antérogrades et rétrogrades, de même qu'une récupération qui peut affecter différemment chacune des composantes. Reste que les deux types de déficits ont des caractéristiques bien définies qui permettent de mieux comprendre des cas d'amnésie sévère comme celui du patient H.M.

Histoire : The H. M. patient Histoire : The Day His World Stood Still: The Strange Story of "H.M." Lien : Voyage au centre de la mémoire Expérience : Tower of Hanoi Thanks for the memories HM R.I.P. H.M. Lien : The Man With Half A Brain L'inoubliable cerveau d'un amnésique Décès du célèbre patient amnésique “K.C.” Une continuité évolutive entre la navigation spatiale et la mémoire déclarative

Un patient suivi pendant 30 ans par le grand neurologue soviétique Alexandre Luria avait l'étonnante capacité de ne rien oublier ! En regardant pendant quelques minutes des pages de 30, 50, 70 mots ou chiffres, il était capable une semaine, six mois, voire 15 ans après (!) de les répéter sans aucun trou de mémoire.

Sans être autiste ou fou, ce patient n'était cependant pas normal. Il était doué entre autre de synesthésie, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas de frontière entre ses différents sens, ce qui lui permettait de curieuses correspondances. Il avait entre autres l'étrange capacité d'associer une couleur, un son ou encore une texture à un mot ou à un chiffre. Il disposait ainsi d'autant d'hameçons pour les accrocher dans sa mémoire.

Mais cette faculté n'était pas sans inconvénients: notre homme avait énormément de difficultés à retenir le sens d'un texte qu'il apprenait, par exemple. Pour répondre à une simple question sur ce texte, il lui fallait le relire tout entier dans sa tête ! Par contraste, on voit bien la force de notre petite mémoire "ordinaire": coder avant tout de la signification. Autrement dit, on oublie les mots du texte, mais on retient l'essentiel de l'histoire, ce qui est quand même beaucoup plus utile dans la vie...

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