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10 juin 2015 3 10 /06 /juin /2015 22:39

À voir : Paul Celan, écrire pour rester humain,de Ullrich H Kasten, le 10 juin à 22h25

Arte diffuse un documentaire consacré à Paul Celan, poète de langue allemande, l'un des plus grands du XXe siècle, qui se suicida dans la nuit du 19 au 20 avril 1970 en se jetant dans la Seine. Il était né en 1920 à Czernowitz, sous le nom d'Antschel, dans une famille juive de Bucovine, territoire alors roumain.

Les réalisateurs Ulrich H. Kasten et Hans-Dieter Schütt ont filmé les témoignages de son fils Éric, né en 1955, et de son traducteur, Bertrand Badiou. Ils retracent le parcours du poète qui, bien que réfugié à Paris dès 1948 après avoir été déporté, n’a jamais quitté la langue allemande.

L'occasion de découvrir la vie malmenée par l'Histoire de l’auteur de Fugue de mort, un des plus beau poème traitant de la Shoah (« Lait noir de l'aube nous le buvons le soir / le buvons à midi et le matin nous le buvons la nuit / nous buvons et buvons / nous creusons dans le ciel une tombe où l'on n'est pas serré. »)

Un portrait émouvant du grand poète juif allemand Paul Celan, né en 1920 dans l'actuelle Ukraine, et mort à 50 ans en se jetant dans la Seine.

Résumé: C'est à Czernowitz, en Bucovine, dans l'actuelle Ukraine, que naît en 1920 Paul Antschel, qui prendra le nom de Paul Celan après la guerre. De culture juive et de langue allemande, issu d'une région rattachée à la Roumanie puis à l'Union soviétique, il sera toute sa vie un déraciné. Après une adolescence romantique et anarchiste, il étudie la médecine à Tours quand éclate la Seconde Guerre mondiale. Ses deux parents mourront en déportation, et lui-même survivra aux camps de travail. De Vienne, où il se lie à l'écrivaine Ingeborg Bachmann, à l'Allemagne, d'Israël à l'Ecole normale supérieure de Paris, le poète errant gardera toujours la cicatrice de l'horreur, qui marque son écriture. Hanté par l'ombre des suppliciés, il traverse plusieurs phases dépressives, et se donnera finalement la mort à 50 ans en se jetant dans la Seine.

Paul Celan, écrire pour rester humain C'est à Czernowitz, en Bucovine, dans l'actuelle Ukraine, que naît en 1920 Paul Antschel, qui prendra le nom de Paul Celan après la guerre. De culture juive et de langue allemande, issu d'une région rattachée à la Roumanie puis à l'Union soviétique, il sera toute sa vie un déraciné. Après une adolescence romantique et anarchiste, il étudie la médecine à Tours quand éclate la Seconde Guerre mondiale. Ses deux parents mourront en déportation, et lui-même survivra aux camps de travail. De Vienne, où il se lie à l'écrivaine Ingeborg Bachmann, à l'Allemagne, d'Israël à l'Ecole normale supérieure de Paris, le poète errant gardera toujours la cicatrice de l'horreur, qui marque son écriture. Hanté par l'ombre des suppliciés, il traverse plusieurs phases dépressives, et se donnera finalement la mort à 50 ans en se jetant dans la Seine.

Qui lit ces vers de Paul Celan ne peut plus passer son chemin, et s'immobilise dans des abîmes illimités : « Lait noir de l'aube nous le buvons le soir / le buvons à midi et le matin nous le buvons la nuit / nous buvons et buvons / nous creusons dans le ciel une tombe où l'on n'est pas serré. » Il s'agit du début de Fugue de mort, le plus douloureux des poèmes jamais écrits sur la Shoah. Comment rendre hommage, en images, à l'auteur qui a passé son existence à jeter des mots dans les cendres des morts, persuadé qu'il y avait « encore des chants à chanter au-delà des hommes », et qui finit par se jeter dans la Seine, en 1970, pour rejoindre à ­jamais ces disparus qui le hantaient ?

Ce documentaire choisit de s'attarder sur trois visages. Le visage du poète, d'abord, dont un gros plan ralenti, repris jusqu'à l'hypnose, montre la ténacité fiévreuse, lorsqu'il lisait ses poèmes écrits en allemand, « dans la langue du bourreau », au fil de voyages répétés en « terre d'angoisse », alias l'Allemagne d'après guerre. Le visage de son fils Eric, dont chaque intervention est un modèle de retenue et de partage. Enfin, le visage du traducteur, Bertrand Badiou, qui offre des éclairages concis et lumineux sur la fascination de Celan pour Hölderlin, ou sur la richesse de sa correspondance avec Ingeborg Bachmann, porteuse de « traces partielles d'une impossibilité », le secret de toute son œuvre.

Paul Celan (23 novembre 1920 - 20 avril 1970) est un traducteur et écrivain de langue allemande, né Paul Antschel au sein d'une famille juive allemande à Cernăuţi, l'ancienne Czernowitz , et naturalisé français le 8 juillet 1955. C'est peut être le plus grand poète de langue allemande de l'après-guerre, composant une œuvre absolument novatrice, consciente de venir après l'événement majeur de l'extermination des juifs d'Europe.

Paul Celan est mort à Paris le 20 avril 1970, probablement après s'être jeté dans la Seine, son corps étant retrouvé le 1er mai.

Son nom d'écrivain est l'anagramme de son patronyme Ancel (en roumain), ou Antschel (en allemand).

Il est le seul fils d'une famille juive de Cernăuţi, Bucovine, région faisant alors partie de la Roumanie réunifiée (voir Grande Roumanie). Ses parents, d'origine allemande, Leo Antschel-Teitler et Friederike née Schrager, parlent allemand à la maison. Depuis le XVIIIe siècle, la Bucovine a été une province de l’empire des Habsbourg autrichiens jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, en 1918. La communauté multiethnique de Cernăuţi, comme celle des autres grandes villes de la région, était à l'époque constituée à peu près de 30 % de Roumains (orthodoxes), 30 % d’Ukrainiens (orthodoxes), et 30 % de juifs ashkénazes (selon un recensement de 1911).

En août 1940, les troupes soviétiques, suite au Pacte germano-soviétique entre l'URSS et l'Allemagne nazie, entrent en Bucovine et occupent Cernăuţi. En 1941, les Roumains récupérèrent la Bucovine du Nord, participant à l'offensive lancée par les Allemands contre l'URSS dirigée à l'époque par le dictateur communiste Staline.

Après la Seconde Guerre mondiale, la partie nord de la Bucovine, entre les fleuves Dniestr et Prut, et qui comprend Cernăuţi, baignée par le Prut, a été annexée par l’Union soviétique, et se trouve de nos jours en Ukraine.

À six ans, il suit les cours d'une école élémentaire libérale en langue allemande, et est envoyé ensuite à l'école juive Safah Ivriah. Après sa Bar Mitsva en 1933, Celan rejoint un groupe de jeunesse antifasciste, qui publie un magazine marxiste l'Étudiant rouge. Il étudie ensuite la médecine en 1938 en France, mais retourne en Roumanie, à l’université de Cernăuţi, pour étudier la littérature de langue romane.

En 1942, ses parents qui refusent de se cacher, sont envoyés dans un camp d’internement en Transnistrie (qui était, avant 1940, une autre région de la Roumanie, et reprise en 1941), où, selon certaines sources, son père meurt de typhus, et sa mère est abattue d'une balle dans le dos.

En 1943, Paul est envoyé dans un camp de travail forcé en Moldavie. Il est libéré par les Russes en 1944, change son nom en Paul Aurel, Paul Ancel, et finalement Paul Celan, et vit à Bucarest comme traducteur et éditeur.

En 1947, il quitte la Roumanie pour Vienne en Autriche où il publie son premier livre Le sable des urnes (Der Sand aus den Urnen). Il s’installe finalement à Paris, où il occupe la fonction de lecteur d'allemand et de traducteur[3] à l'École normale supérieure.

En 1952, il épouse l’artiste Gisèle Lestrange (catholique), qu'il avait rencontré en 1951 et, à qui, il écrit plus de 700 lettres en 19 ans. Cette correspondance a été publiée en 2001 grâce à l'aide de son fils Eric. Il avait aussi une correspondance conséquente avec une autre femme qu'il aimait: il s'agit de Ingeborg Bachmann. Cette correspondance a été publiée en allemand en août 2008 par l'éditeur Suhrkamp sous le titre Herzzeit (Le temps du cœur).

Il reçoit le prix Georg Büchner en 1960, et prononce pour l'occasion un magnifique discours Le Méridien où il présente à travers une lecture du théâtre de Büchner ce que sont pour lui l'art et la poésie.

Il est interné plusieurs fois à partir de 1965 dans un asile psychiatrique, d'où il écrit quelques textes en hébreu.

Il rencontre en 1967 à Todtnauberg le philosophe Martin Heidegger. Il attend de lui une parole pour les juifs exterminés qui n'est pas venue. Ce silence lui a inspiré le poème Todtnauberg.

Il visite Israël en 1969. Paul Celan se jette dans la Seine dans la nuit du 19 au 20 avril 1970. On ne retrouvera son corps que le 1er mai.

La mort de ses parents dans les camps nazis et son propre passage dans un camp de travail l'ont profondément marqué. À la fois témoin et victime du nazisme, il contredit la fameuse parole d’Adorno, philosophe post-marxiste, selon laquelle « il ne peut plus y avoir de poésie après Auschwitz ».

Ses premiers poèmes datent de 1940, dans différents périodiques, mais son deuxième livre, Mohn und Gedächtnis (Pavot et mémoire, 1952) assoit sa réputation de poète de l'Holocauste, d'abord en Allemagne, puis dans le monde entier. Son poème le plus connu, Todesfuge (Fugue de la Mort) a pour thème le sort des juifs dans les camps d'extermination.

Il reçoit le prix de littérature de Brême, et considère avec ses amis poètes René Char, Edmond Jabès et Nelly Sachs, que le langage doit se libérer de l'Histoire, et doit être utilisé avec des mots qui répondent au silence imposé sur la situation terrible qu'il a vécu. Ses vers deviennent alors de plus en plus cryptés, fracturés et monosyllabiques, se comparant en cela à la musique de Webern. Toute la poétique de Celan tient dans son impératif, à la fois moral et esthétique, de créer ce qu'il appelait une "contre-langue", qui consistait en une mise en accusation implacable et définitive de la langue et de la culture allemandes dont la Shoah était l'aboutissement (cf : Jean Bollack, "Poésie contre poésie", PUF, 2001).

La fausse accusation de plagiat de l'œuvre d’Yvan Goll mené par sa femme Claire Goll le conduit à la dépression nerveuse. Claire Goll a fait une campagne de diffamation contre Paul Celan tout le long de sa vie. Il a traduit en effet des poèmes de Yvan Goll, ainsi que des textes de Jean Cocteau, Henri Michaux, Ossip Mandelstam, Giuseppe Ungaretti, Fernando Pessoa, Arthur Rimbaud, Paul Valéry, René Char, Emil Cioran, André du Bouchet, et Jacques Dupin.

Toute son œuvre se rattache, par la forme, à la tradition de la poésie hermétique et symbolique moderne, en particulier à Baudelaire et Rilke. « difficile et resserrée,(...), l'œuvre de Celan est marquée, par-delà son hermétisme apparent, par l'expérience de la mort et de l'exil(...). Mais Celan n'est pas Nelly Sachs : il s'enfonce dans le langage et le transforme, comme il le dit lui-même, à un tournant de l'haleine, (Atemwende). »

Ses œuvres

Choix de poèmes (réunis par l'auteur) Livre «Comment lire Paul Cela? Sans doute n'est-il pas de réponse satisfaisante à cette question que tout lecteur ne peut manquer de se poser et qui d'emblée le mène jusqu'au cœur obscur de cette œuvre si étrange. La poésie de Paul Celan met sa propre lecture en difficulté par la nature même de son écriture. Elle ne se contente pas d'être ardue, elle rend incertaine la notion de compréhension ...

Le temps du coeur : correspondance (1948-1967) Livre Cet échange épistolaire entre le jeune poète Paul Celan, qui arrive de Roumanie et la poétesse Ingeborg Bachmann, qui vient de Carinthie compte 196 documents (lettres, cartes postales, télégrammes, dédicaces) qui commencent dès leur rencontre en mai 1948 dans la ville dévastée de Vienne. La lutte avec les mots et la révolte contre le mutisme occupent une place centrale.

Un portrait émouvant du grand poète juif allemand Paul Celan
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