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11 juin 2015 4 11 /06 /juin /2015 11:35

“ Ce mythe de la mixité sociale qui nous empêche de voir le défi de la mixité ethnique ”

Dans un rapport publié mardi, la Cour de comptes épingle dix ans de politique de la ville. Dix ans de dispositifs divers qui n'ont pas réussi à réduire les fractures au sein des quartiers...

La France des ghetto

Atlantico : Dans un entretien publié par le Point.fr, le sociologue Renaud Epstein réagit au rapport de la Cour de comptes de ce mardi, qui dresse un constat d'échec de dix ans de politique de la ville.

Selon lui, "la mixité sociale n’existe pas" et quand on parle de la rétablir dans les quartiers, "c'est de mixité ethno raciale qu'il est avant tout question".

Partagez-vous ce point de vue ?

Michèle Tribalat : On parle aujourd’hui de mixité sociale comme d’un paradis perdu, paradis qui n’a pourtant jamais vraiment existé.

Le terme mixité sociale est devenu la manière politiquement correcte d’évoquer la mixité ethnique.

Prenons l'exemple de la Seine-Saint-Denis : ce département n’a pas connu de grand bouleversement social alors que sa composition ethnique , elle, a considérablement changé : 19 % des moins de 18 ans étaient d’origine étrangère en 1968, ils étaient 57 % en 2005 et probablement encore plus aujourd’hui.

En 2010, seuls 35 % des enfants nés en Seine-Saint-Denis avaient leurs deux parents nés en France.

Les enfants d’ouvriers voisinaient, à la fin des années 1960, avec des enfants d’ouvriers et d’employés.

Se sont ajoutés aujourd’hui des enfants dont les parents n’ont jamais travaillé. Mais ces enfants sont très majoritairement d’origine étrangère.

Il y a quelques années l’actuel ministre de l’Intérieur,Manuel Valls, qui était alors maire d'Evry avait déclaré vouloir plus de "Blancs, de white, de blancos" sur le marché de sa ville. Manuel Valls avait rappelé qu’en tant qu’élu de banlieue il se "battait contre la ségrégation territoriale, sociale, ethnique". "Appelons un chat un chat : il ne faut pas avoir peur des mots mais dire les choses telles qu’elles correspondent à la réalité" avait-il déclaré.

Est-on aujourd’hui encore dans le déni de réalité ?

Oui. Face aux concentrations ethniques, qui se sont exacerbées dans les grandes unités urbaines, notamment en Ile-de-France, on souhaiterait réintroduire des natifs au carré (nés en France de deux parents nés en France).

On ajoute encore à la difficulté en souhaitant que ce soient les classes moyennes ou supérieures qui acceptent d’aller dans des lieux qu’évitent soigneusement, lorsqu’ils le peuvent, les natifs au carré des catégories populaires.

Hugues Lagrange avait proposé que l’on incite les personnes d’origine étrangère qui avaient réussi socialement à rester sur les lieux, alors qu’elles s’empressent généralement de les quitter parce qu’elles partagent le souhait des natifs au carré d’éviter les quartiers violents où leurs enfants auront moins de chance de réussir.

Pourquoi devraient-elles, elles en particulier, se sacrifier sur l’autel de la mixité sociale ?

On a du mal à garder les natifs au carré des catégories populaires, mais cela ne nous empêche pas de songer à ce que des cadres et catégories intermédiaires réinvestissent les lieux.

On rêve en couleur comme diraient les Québécois.

Pour en savoir plus: http://www.atlantico.fr/decryptage/mixite-sociale-mythe-defi-quartiers-retablir-mixite-ethnique-rapport-cour-comptes-michele-tribalat-425311.html#7kWdfDHoQVHp3ZgH.99

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